Quand il est apparu, on n'y croyait pas: c'était vraiment l'ovni de la production cinématographique. Le labyrinthe des passions, Matador, mais qu'est ce que c'était que cela? Des scénarios hallucinés tournés sous amphétamine, ça ne ressemblait à rien de ce qu'on avait connu jusque là. Il a vieilli, il a pu faire du cinéma moins pourrave, mais en gardant le goût des situations tordues, où des travestis engrossent des bonnes soeurs..... Avec ces "Etreintes brisées", titre bien ringard, Almodovar joue dans le mélo des plus classiques (quand on veut faire kulture-kulture, on dit "mélo à la Douglas Sirk" bien que la plupart d'entre nous n'aient jamais vu un mètre de pellicule dudit Douglas Sirk). Déjà, avec "Parle avec elle", il avait magnifié le mélo, ici, on est en plein dans le registre "passion /adultère /vengeance /mort des amants", même si on retrouve quelques obsessions du maître -filiations secrètes, doubles identités, protagonistes bizarres...
Se venger d'un cinéaste (le héros, l'amant), cela peut être monter son film en retenant les prises les plus minables et en les raccordant n'importe comment. Et quand ce même héros, devenu aveugle, peut enfin le remonter, ce film maudit, cela donne.... femmes au bord de la crise de nerf!
C'est un très bon Almodovar; on se laisse complètement embarquer, Penelope Cruz est divine, Lluis Homar pas mal non plus, sauf que... j'ai cru voir passer la sublime Angela Molina, cet obscur objet du désir, en vieille femme, et ça, les amis, c'est trop dur!