“Jamais cour n’a eu tant de belles personnes…” : ce sont ces quelques mots, issus de “La Princesse de Clèves” de Madame de Lafayette (roman qui figure en bonne position dans la A-List de profs de français), qui ont fait germer en Christophe Honoré l’idée de se lancer dans dans une adaptation située de nos jours et dans un autre type de cour, celle d’un lycée parisien. Un choix qui, en plus de lui éviter de tomber dans les pièges du film d’époque empesé, lui permet de boucler sa trilogie sur Paris, la jeunesse et l’amour, initée “Dans Paris”, et poursuivie, l’an passé, sur l’air de ses “Chansons d’amour”. Deux longs métrages portés par l’énergie d’un Louis Garrel que l’on retrouve ici, plus posé et dans un rôle d’adulte, aux côtés d’autres membres de la “famille Honoré” (Grégoire Leprince-Ringuet, Clotilde Hesme…) et de Léa Seydoux, révélation et personnage central du film. Fraîchement arrivée dans le lycée où se déroule le récit, et où elle succombera tour-à-tour aux charmes d’un camarade et de son prof d’italien, sa Junie attire immédiatement notre attention, grâce à sa pâleur et la tristesse de son regard. Deux éléments magnifiés par Honoré, qui, à coups de gros plans sur les visages, dresse brillamment le portrait d’un groupe de jeunes, au sein duquel chacun cache quelque chose. Des secrets dévoilés avec tact et pudeur, au gré d’une mise en scène à laquelle il manque parfois un tout petit quelque chose pour permettre à cette “Belle personne” d’atteindre l’excellence. Un défaut auquel vient s’ajouter un passage chanté qui cadre mal avec le reste, et apparaît davantage comme un effet de signature de la part du réalisateur. Ce qui ne l’empêche nullement de signer un drame d’une grande justesse , au sein duquel les personnages se débattent avec la tragédie qui se noue, oscillent entre dits et non-dits, mais n’en restent pas moins de belles personnes, devant la caméra d’un metteur en scène dont l’importance s’accroît de film en film.