Tout le monde connait Richard Berry en tant qu’acteur. Mais dans la peau de réalisateur ? Pas vraiment, notamment à cause du fait que le bonhomme ne possède pas de grands titres dont il peut se vanter. Dont La Boîte Noire et surtout L’art (délicat) de la séduction. Il n’y a que Moi César, 10 ans ½, 1m39 qui sort du lot (bien que cela soit un bien grand mot). Pour son quatrième long-métrage, Berry tente le tout pour le tout : un casting cinq étoiles, un film sous le label Besson (production Europa Corp.), genre mafieux, adaptation d’un roman lui-même inspiré d’un fait réel… Il y a tout dans L’Immortel pour attirer le spectateur et être l’un des meilleurs polars français du moment.
Le film nous plonge illico dans le monde de la pègre marseillaise. Où nous assistons à la tentative d’assassinat d’un ancien ponte du milieu, qui reçoit une vingtaine de balles dans le corps. Seulement voilà, la victime survit miraculeusement à ses blessures. Et après avoir pris le temps de s’en remettre, décide de partir à la recherche des responsables et de les éliminer un par un. Tout en prenant des précautions auprès de sa famille, menacée à son tour. Et cela sera tout ! Juste une simple quête de vengeance nimbée par un fil rouge incroyablement tiré par les cheveux ! Ne vous attendez pas à avoir un scénario travaillé, vous n’en aurez pas ! Peut-être quelques personnages, comme cette femme flic, mais vu qu’elle n’apporte franchement rien à l’histoire, cela reste anecdotique. Ainsi, L’Immortel ne va pas plus loin que son postulat de départ qui, malgré un début qui frôle l’irréalité, suit un chemin grandement tracé par d’autres films du genre.
Mais là n’est pas le problème de L’Immortel, qui peut se présenter comme un long-métrage grandement distrayant via quelques fusillades et moments de bravoures. Qui prouvent que nous avons bien affaire à un produit Besson. Avec son lot de cascades et tout et tout ! Alors, qu’est-ce qui ne va pas dans L’Immortel ? Comment un film au budget assez conséquent (18 millions d’euros) peut-il être de qualité douteuse ? Tout simplement parce que tout dans ce film, comme chaque long-métrage assez cher, se montre être tape-à-l’œil au possible.
En premier lieu du coté de la mise en scène, véritablement chaotique ! Qui confirme le fait que manier une caméra n’est pas donné à tout le monde. Car réaliser un film, c’est parler par le biais de l’image. Où chaque plan, chaque mouvement possède un message de la part du cinéaste. Ici, il n’y a rien ! L’Immortel n’est qu’un florilège d’effets (travelings en tout genre, gros plans sur les acteurs, caméra éloignée…) qui n’ont clairement aucun sens. Sans parler du montage qui accumule tout cela pour livrer quelque chose d’épileptique, de difficile à suivre. Vraiment dommage, étant donné que le film offrait une ambiance plutôt sympathique, assez sombre pour être en adéquation avec le thème du film (atmosphère servie par des jeux de lumière assez réussis).
Autre défaut de L’Immortel : son casting ! Composé de grands noms du cinéma français. Mais qui ne servent finalement qu’à assurer le prestige de ce film. La distribution étant mitigée comme L’Immortel ne pouvait se le permettre ! D’un côté nous avons un Jean Reno égal à lui-même et une Marina Foïs qui s’en sort honorablement. Et puis de l’autre, c’est un festival de comédiens qui surjouent, parfois à l’excès. Un constat qui s’adresse notamment à Kad Merad, pourtant détenteur du César du Meilleur acteur dans un second rôle. Et pour un film sérieux, qui plus est (Je vais bien, ne t’en fais pas) ! Non, ici, le comédien n’arrive clairement pas à se contrôler, allant dans le grand n’importe quoi !
En parlant de surjouer, penchons-nous maintenant sur le surfait ! Si, après avoir vu L’immortel, vous n’avez toujours pas compris qu’il s’agissait d’un film de mafieux, c’est que vous vous êtes endormis dès les premières secondes ! Car dans cet Immortel, tout ce qui touche aux films de parrain, est mis en avant, et même trop ! À savoir l’importance de la famille, des amis proches, des traîtres (eu aussi ayant une place prépondérante dans le monde de la mafia)… Sans oublier la musique ! Qui en fait des tonnes ! Pour le côté italien de l’histoire, nous avons une surdose de thèmes musicaux sentont bon la Sicile. Pour le clan arabe de la mafia, c’est parti pour les « ayayayayayaya » et les autres vocalises de ce genre. Pour dire que pour l’ambiance du film, il n’y avait aucunement besoin d’imposer tous ces artifices qui font clichés !
Voilà ce qu’est L’Immortel : un film certes divertissant quelques instants mais qui pue le fric et le surfait à plein nez ! Sans que le niveau n’atteigne jamais une qualité digne de ce nom. De quoi faire sombrer la carrière de réalisateur de Richard Berry. Qui n’a franchement rien d’un metteur en scène ! Et ce film est là pour le prouver ! D’accord, nous sommes très loin de la nullité de L’art (délicat) de la séduction, mais pour ce qui est d’être le polar français le plus mémorable, on repassera !