Parodier un film comme Poltergeist (et tous les autres œuvres du même acabit) en y ajoutant des fantômes gays, il fallait oser ! Malheureusement pour Éric Lavaine, son Poltergay n’a franchement pas fait l’unanimité auprès du public. L’occasion pour lui et son scénariste Héctor Cabello Reyes de se racheter avec ce second long-métrage, cette fois-ci coécrit avec le chanteur Bénabar, qui interprète également le rôle principal de cette comédie aux côté de Franck Dubosc. Une comédie qui a su avoir son public (plus d’un million d’entrées) et des critiques bien plus élogieuses que Poltergay. Nous allons voir pourquoi !
Avec Incognito, sous entrons sans aucune pudeur dans le monde du showbiz. Plus précisément dans celui de la chanson, où nous pouvons découvrir tout ce que peut nous cacher la célébrité. La nature de la star du moment (est-elle ou non à l’origine de son œuvre ?). Sa relation avec ses proches et son passé (les a-t-il mis de côté afin de vivre sereinement sa célébrité ?). Sa manière de traiter ces derniers (les ignore-t-il, les prend-il de haut ?). Ses actions auprès du public (est-il aimé ? se comporte-t-il comme il faut auprès de ses fans ?). L’envahissement des paparazzis dans sa vie (peut-il faire quoi que ce soit sans que la presse ne révèle ses moindres faits et gestes au point de gâcher son quotidien ?). Toutes ses sujets, certes déjà évoqués maintes et maintes fois dans d’autres œuvres sur la thématique de la célébrité (films, livres, bandes-dessinées…), sont les bases de ce film. Et on peut dire qu’il les traite tous de manière égale, permettant à Incognito de se présenter à nous comme une comédie travaillé un minimum, écrite intelligemment. Mettant sur le devant de la scène des personnages que nous pourrions remplacer par n’importe quelle star existante (le chanteur à succès, le comédien en quête d’un rôle…).
Pour le côté comique, Incognito pioche dans deux atouts de qualité. Premièrement, la présence de Bénabar dans le rôle du chanteur. Le fait de voir une véritable personnalité de la chanson interpréter un personnage de ce calibre a quelque chose de drôle, de jouissif, voire même de parodique (voir Bénabar se prêter à un tel jeu amuse énormément). Deuxièmement, le personnage de Francis joué par Dubosc. Un abruti complet qui offre au film des situations et des répliques qui font mouche. Avec cela en poche, sûr qu’Incognito saura vous amusez. En tout cas bien plus que la majorité des comédies françaises qui pullulent dans nos salles et font souvent honte à notre cinéma national (heureusement que certains arrivent à sortir du lot, notamment en ce qui concerne ces dernières années).
Une récréation rafraîchissante qui doit également beaucoup à la prestation de ses comédiens. À commencer par un Bénabar tout a fait convenable dans sa prestation, qui étonne par sa maîtrise et son naturel alors que faire l’acteur n’est pas sa vocation première. Nous gratifiant, qui plus est, de son statut pour quelques morceaux inédits. Et qui fait équipe avec un Franck Dubosc au meilleur de sa forme. Se délectant chaque seconde de ses pitreries franchement dantesques et les partageant avec plaisir aux spectateurs. Vu ce qu’il nous offre, nous ne pouvons que l’apprécier grandement, même ses plus grand détracteurs ! Un duo de choc aidé comme il faut par des seconds rôles qui n’ont rien à leur envier (le regretté Jocelyn Quivrin, Anne Marivin, Isabelle Nanty…), ni même quelques véritables personnalités qui se prêtent également au jeu de la parodie (une mention spéciale à Pierre Palmade). Avec une telle distribution, Incognito ne peut que charmer l’assistance !
Malheureusement, il faut tout de même soumettre une ombre à l’horizon : Incognito n’est pas une comédie entièrement hilarante. La faute au scénario qui met un peu trop avant les moments intimes. Ces derniers apportent, il est vrai, tout un lot d’émotions (
rien que la séquence finale où notre chanteur demande d’utiliser les chansons d’un défunt peut affecter les âmes sensible
s). Mais ils sont bien trop nombreux, réduisant ainsi le nombre d’apparitions du personnage de Dubosc à l’écran. En disant cela, vous vous rendrez compte que finalement, le seul véritable atout comique du film qui vaut le détour est Francis. Et que le film peut se montrer un brin longuet quand il faut attendre ses gags. Dommage…
Malgré ce couac, Incognito est une bonne petite comédie, appréciable et agréable à suivre. Qui mérite amplement son succès et qui peut faire oublier sans mal la filmographie d’un réalisateur abonné aux navets du genre (Poltergay, Protéger & Servir, Bienvenue à bord). Grâce à Incognito, celle-ci arrive à avoir un peu plus de prestance. Espérons pour lui qu’il refera un nouvel « Incognito » très prochainement !