Au contraire de la majorité, je vais m'avouer plus enthousiaste sur le précédent film de Sorrentino, l'excellent "L'ami de la famille", que sur ce faux biopic rock'n'roll du ministre italien Giulio Andreotti qui, s'il fait preuve d'une indiscutable performance visuelle et technique, ne décolle pas plus haut que ses sautes d'humour réjouissantes. Sorrentino sait évidemment filmer, avec une classe, un style fou dont il est l'un des rares défendeurs aujourd'hui. Son cinéma est sur-stylisé à l'extrême, balançant facilement dans le clip foutraque, pourtant la rigueur formelle empêche le film d'agir ainsi sur son sujet. L'utilisation des musiques, du classique au rock, donne l'impression que chaque séquence a été réalisée sur une base musicale, mais attention, si le film peut paraître musical, il n'est aucunement ce que l'on appelle quotidiennement une 'comédie musicale' , même si les gestes scéniques des personnages semblent pensés en liaison avec la musique. Le film s'épargne ce décalage vulgaire et utilise la musique à des fins purement efficaces, sans jamais devoir souligner sommairement l'action, bien au contraire. Sorrentino est un grand faiseur d'images, il cultive le décalage (de l'image, de la musique donc), il cultive l'humour bouffon et moqueur, la pensée critique et destructive. Pour tout dire, on a mal pour les politicards qui sont décrits dans son film tant leurs airs de porcs sautent aux yeux. Pourtant, une chose ne convainc pas dans "Il Divo", c'est sa construction chaotique et imprévisible, pour ne pas dire incompréhensible. A la fois les termes du milieu utilisés paraissent anecdotiques pour qui ne les connaît pas, alors qu'ils sont essentiels pour comprendre la continuité du film. Le manque de glossaire (fausse accusation me direz-vous puisque le cinéaste prend bien soin, avant le film, de nous expliquer quelques termes complexes), ou du moins le manque de glossaire dans leur ancrage historique, laisse le spectateur à terre, d'autant que l'inutile compl