Le public semble avoir pris un malin plaisir à descendre Safari, film qui n’est en effet pas une comédie mémorable, mais qui est loin d’être infect aussi.
Le film est plutôt intéressant visuellement. De beaux paysages, une photographie qui n’en fait pas trop niveau soleil écrasant et filtre en tout genre, et la mise en scène n’est pas bourrelée d’effets de style souvent grotesques qui affublent les comédies françaises à gros budgets. Il en résulte que Safari est un film plutôt esthétique, avec aussi quelques effets spéciaux de qualité, et la présence très riche d’animaux divers et variés, vrais ou pas, et qui pimentent agréablement ce film d’un exotisme bienvenu, et bien présent. La bande son aurait pu être davantage typée, et plus recherchée, elle reste cependant honorable là aussi.
En clair, s’il faut trouver des défauts à Safari, ce n’est pas foncièrement de ce côté-là qu’il faut les chercher.
Ni du côté du casting. Globalement les interprètes sont bons, avec des personnages malheureusement plutôt caricaturaux et parfois balourds, mais pas non plus affreusement écrits. Le problème c’est qu’ils sont brossés de façon trop lourde, et qu’ils sont enfermés dans une définition très basique, non évolutive, faite pour permettre, tout simplement, l’accumulation de gags en rapport avec eux. Ce n’est pas désagréable, mais un peu simpliste comme approche, d’autant qu’on se doute à peu près de qui va être qui ! Néanmoins l’interprétation est de qualité, avec un Kad Merad investi, et une belle galerie de compères dont la regrettée Valérie Benguigui. Abelanski et Frédérique Bel tire particulièrement leur épingle du jeu. Le premier parce qu’il propose sûrement la prestation la plus fine du lot et hérite du personnage le mieux écrit, la seconde car elle apporte une vraie pointe de charme et de douceur avec une prestation bien plus fine que son personnage ne le laisse supposer.
Porté par ses acteurs, le souci de Safari reste son histoire. Plutôt basique, elle cumule plus ou moins les gags que l’on attendait sur une intrigue très convenue, et avec des gags parfois franchement balourds, trop, au point qu’ils finissent par ne pas être réellement marrants. Le running gag sur la neige dans la dernière partie du film est franchement pas très recherché, et on sent qu’il est là car pour le reste le film n’a plus grand-chose à offrir. Après avoir épuisé tous les animaux, les villages africains et les rebelles de pacotille, il ne restait plus grand-chose en magasin, donc on part sur cette idée et on tourne autour jusqu’à la conclusion. Safari n’est clairement pas très imaginatif, et utilise basiquement le contexte dans lequel il se déroule. Il ne surprend pas, et c’est sans doute ce que l’on peut reprocher le plus à ce film.
Malgré tout, et si l’on tient compte des qualités évoquées au début de cette critique, Safari n’est pas une comédie infecte. Elle s’avère divertissante, avec des numéros d’acteurs qui sont pour beaucoup dans ce résultat, transcendant une histoire faible et un humour très inégal. Je donne 2.5.