Clôture de la trilogie Batman de Christopher Nolan, attendu depuis 4 ans, TDKR se devait de surprendre après les deux précédents opus, excellents et en même différents. 2h 45, c’est 20 minutes de plus que le précédant Dark Knight et les fins analystes se doutaient bien que le film allait être d’une ampleur tel que le scénario ne permettrait pas un film court. Et c’est là où se situe son principal défaut sur lequel on s’attardera plus tard.
Car ce TDKR dépasse sans peine ses deux prédécesseurs. Le scénario sort du carcan de la mafia pour s’attaquer à des problématiques plus d’actualité : le terrorisme, son idéologie et le capitalisme. Autant dire que le film frappe par l’importance de ses enjeux. Grand méchant de cet opus final, Bane est joué par l’excellent Tom Hardy, déjà en vedette dans Warrior et dans Bronson qui va réintégrer la brutalité de ces personnages dans le rôle de Bane. Alors que l’on s’attendait à une brute épaisse, Bane est au contraire, un intellectuel silencieux qui fascine. Il fascine ses hommes ainsi que les spectateurs. Parlant peu, chacune de ses paroles a le poids d’une enclume et l’efficacité d’une bombe A. Dans cet opus, Bane prépare un « plan » dont on ne comprend pas les enjeux au début.
Au début, Batman n’existe plus depuis 7 ans, Bruce Wayne fait une sorte de dépression et tandis que les criminels les plus dangereux sont enfermés dans une unique prison, la liberté conditionnelle leur étant refusée, quelques affaires policières, un vol de bijoux, un enlèvement de député et la mort d’un jeune homme mettent deux flics, Gordon et son abri, le nouveau John Blake incarné par l’excellent Joseph Gordon-Levitt sur la piste de Bane. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, disons juste que celle-ci comporte un sacré lot de rebondissements et qu’elle prend une tournure assez inattendue. Dans une véritable ambiance de fin du monde, Nolan livre un récit incroyablement dense avec une profondeur hallucinante.
Et c’est là où l’on peut remarquer son principal défaut. TDKR peut être comparé à Icare. Le film est bien plus ambitieux et meilleurs sur tous ses aspects que les deux précédents, le moindre faux pas est donc assez remarquable. Et ce faux pas a été fait, pas par l’équipe du film mais par les exigences commerciales. 2h 44 pour ce film, c’est TROP COURT. Le film aurait dut durer 30 minutes de plus, remarque approuvé par Nolan qui ambitionnait un film de 3h 30. Aussi, il y a des passages qui passent trop vite, des subtilités scénaristiques que l’on ne comprend pas très bien et si ce ne sont pas des incohérences (contrairement à ce qui a été beaucoup critiqué), ce sont des imprécisions qui gâchent un film qui se veut trop fin pour tenir en 2h 45, surtout avec toutes ces scènes d’actions qui complètent le film. Pour faire simple, on a l’impression de voir The Dark Knight Rise en version courte, si ce n’est pas le cas. Espérons donc d’une version longue verra le jour, ce qui n’est pas improbable au vue de la demande et de l’autocritique du réalisateur (ainsi que de son honnêteté).
Car il faut bien reconnaître que Christopher Nolan a, malgré cela, fait un travail de tonnerre. Pas seulement en réalisant le meilleur film de super-héros qui soit mais un qui porte une ambiance forte, où tous les personnages sont intéressants, ont leur rôle et sont joués par d’excellents acteurs (même Marion Cotillard, malgré sa dernière scène qui est assez ratée). La mise en scène, la bande-son et la direction artistique sont au-dessus des précédents opus et Bruce Wayne a enfin une grande place dans ce récit, pas la place principale puisque chaque protagoniste est sur le devant de la scène. Les personnages ne sont plus secondaires, Gordon, John Blake ou Selena Kyle ont une place bien à eux.
A cela s’ajoutent des scènes d’actions réalisées par de vrais « timbrés ». Un avion qui en aborde un autre, un vaisseau dans Gotham, des courses poursuites énormes et des combats à mains nues qui n’ont jamais étés aussi impressionnants (les face-à-face Batman/Bane sont juste à couper le souffle) auxquelles s’ajoutent des explosions spectaculaires.
Par ailleurs, je parlais plus tôt de profondeur. On peut parler de la profondeur de l’analyse idéologique et politique de l’occident qui remet en question le premier opus et, au travers de quelques phrases incisives, emmènent le spectateur sur divers analyses. D’apparence manichéenne, le scenario est une métaphore de l’occident moderne et contrairement au précédant opus, le grand adversaire n’est pas réduit par Nolan au rang de simple adversaire à vaincre. Les idées de Bane fascinent. A-t-il raison, a-t-il tort ? A chacun de se faire sa propre opinion, Nolan, lui, ne fait que conter et terminer cet incroyable final qui aura fait couler beaucoup d’encre. Et je ne verserai d’encre à propos de ce film que pour une chose, pour une version longue.
19/20