On a cru perdre Disney un instant, dans les méandres affligeantes de "Chicken little" et autres "The Wild". Heureusement, à la tête de la production, John Lasseter semble donner du mordant à une entreprise qui, à priori, à tout du Disney moderne ; histoire rabâchée sur le droit à la différence, discours sur la tolérance et la famille sur fond d'hystérie visuelle pas belle du tout... et pourtant, "Volt" risque bien de vous surprendre. Il y a une patte Pixar derrière tout cela, et ça se sent ; finesse du scénario, subtil traitement des valeurs morales, travail sur l'expression humaine des animaux, critique acerbe du pouvoir hollywoodien, mise en scène douce et virtuose à la fois, suivant les séquences et, pardessus-tout, une réelle émotion se dégage de ce chien pas comme les autres. Doté d'une ribambelle de personnages hilarants (le hamster Geek et les pigeons en bande sont particulièrement savoureux dans la V.O.), et attachants (Volt et le chat Mitaine), cette aventure visuellement merveilleuse ravira sans peine les grands et les petits, avec cette alchimie propre à Pixar, de mêler émotion et gags pour tous les âges, à un sous-texte dense. Comment ne pas rire dans cette grandiose fin pleine d'ironie où les studios hollywoodiens prennent feu? "Volt" n'oublie pas de se faire la mise en abyme - plutôt passionnante - du cinéma à gros budget, qu'il égratigne violemment dans certaines séquences déjà cultes ; le parallèle sur le film dans le film et le monde du cinéma qu'il dépeint prend réellement vie à l'écran, à partir d'images en synthèse qui moquent sans rougir les aberrantes injustices qui régissent Hollywood, et les baratineurs mercantiles continuant à détruire l'image artistique américaine. Esthétiquement, rien à reprocher au film, dont les couleurs et les mouvements de caméra impressionnent, en particulier dans les séquences à effets spéciaux (la scène d'ouverture est un moment anthologique). Certes le schéma est classique, très Disneyien pour rester accessible aux