Il faut bien le dire, les studios Disney n’était vraiment pas à leur meilleur ces dernières années. Il leur a même fallu du temps avant de revenir à ce qu’ils savent faire le mieux : raconter avec humour et (surtout) magie une histoire enchanteresse avec des personnages hauts en couleurs (La Princesse et la Grenouille, Raiponce). Et cela, on le doit à un certain John Lasseter, issu de la maison Pixar, qui est venu relancer tout ça. Pour faire oublier toute cette période d’essais de designs douteux (Atlantide, Kuzco), d’échecs commerciaux (La Planète au Trésor), de films à la qualité moyenne (Lilo & Stitch, La ferme se rebelle) voire même bas de gamme (Chicken Little). Sans oublier les innommables suites de chef-d’œuvre dans lesquelles les studios se sont lancés. Cette renaissance se fit donc via la sortie de Volt, star malgré lui, initié donc par Lasseter. Constat ?
L’un des critères qui compte le plus dans un Disney n’est pas forcément l’originalité de ses récits. Et pour cause, les meilleurs dessins animés livrés par les studios ne sont que des adaptations d’œuvres connues (Blanche-Neige, Cendrillon, La Belle et la Bête, Aladdin, La Petite Sirène...) ou bien d’histoires toute simples (Le Roi Lion) qui restent pourtant mémorables grâce à leur traitement. Que ce soit visuel ou bien scénaristique. Et pour Volt, star malgré lui, l’équipe du film reprend tous les atouts qui ont fait le charme de ces chefs-d’œuvre. À savoir des personnages secondaires atypiques et drôles (ici, les pigeons et surtout le hamster Rhino, qui reste dans sa petite bulle) pour une histoire qui se veut touchante.
Mais ce qui marque avec Volt, c’est sa recherche du renouveau. En effet, quitte à relancer la machine Disney, autant le faire en s’adaptant à la demande de cette nouvelle génération de jeunes spectateurs, avides en sensation forte (même si Raiponce et consorts prouveront le contraire plus tard). Avec Volt, Disney s’inspire d’un film à la morale bien adulte (The Truman Show, où le personnage de Jim Carrey se retrouve remplacé par un chien croyant que la série dans laquelle il est le héros n’est qu’en fait la vie réelle) pour mettre en avant tout ce qui est décors actuels (dont les grandes villes) objets modernes (ordinateurs, appareils high-tech). Le tout s’enchaînant avec des séquences d’action explosives et entraînantes à souhait, comme si Michael Bay faisait parti de l’équipe ! Sans omettre le fait que Volt continue la lancée des studios dans l’animation au lieu du classique dessin en 2D.
Malheureusement, il faut bien reconnaître quelque chose à Volt qui risque de faire mal : malgré le nom des studios de Mickey au générique, ce film d’animation n’a rien d’un Disney. Et ce n’est pas la gentille chanson « Un chat, un chien et un rongeur » (oui, je sais, Disney s’est montré bien plus inventif que ça) qui y changera quoique ce soit ! Ce que l’on reconnaît à Volt (son énergie fulgurante, l’adrénaline qui fournit, le panache de ses séquences d’action...) en fait également son plus grand défaut. Ici, tout n’est que prétexte pour divertir à grands renforts de moments de bravoures et effets pyrotechniques réussis à défaut de rendre les personnages attachants ou même un semblant de magie propres aux dessins animés signés Disney. Avec Volt, on ne fait que sourire ou être attentif aux scènes détonantes, comme avec un bébé de chez DreamWorks, où le divertissement prime plus que tout (quoique ces derniers temps, les studios rivaux de Pixar nous livrent des films d’animation mémorables avec facilité).
Et ce qui gâche également Volt, et là je m’attaque sèchement à la version française, c’est son doublage. Si les personnages de chez Disney se montre inoubliables au fil des âges, c’est en partie grâce à leurs voix françaises, bien plus emblématiques qu’en VO. Seulement voilà, depuis des années, pour n’importe quel film d’animation ou autres dessins animés, il semblerait que les équipes de doublage trouvent plus commercial de caster des célébrités plutôt que de faire appel à de vrais professionnels comme Roger Carel, Damien Boisseau ou encore Patrick Poivey. Bon, certains sont encore pris (Richard Darbois, Jacques Frantz) mais juste pour des rôles secondaires. Non, maintenant, place aux « grands noms » pour attirer... Si cela marche avec quelques uns (José Garcia en Mushu dans Mulan, Jean Reno en Mufasa dans Le Roi Lion, Valérie Lemercier en Jane et Muriel Robin en Tok dans Tarzan, Patrick Timsit en Phil dans Hercule), ça reste un fait assez rare, le doublage étant une vocation encore plus tordue que jouer un personnage. Et avec Volt, nous tenons l’un des pires exemples de doublages via des célébrités. En passant par un Richard Anconina (Volt) inexpressif et fade au possible, un Gilles Lellouche dont la voix ne correspond pas à la folie de son rôle (Rhino). Sans compter Omar Sy et Fred Testot qui passe totalement inaperçus malgré la drôlerie des pigeons auxquels ils prêtent leur voix. Franchement honteux !
Mais on ne peut juger la qualité d’un film par le biais de sa version française. Autant se reporter à la VO (que je n’ai pu essayé, une diffusion sur M6 ne le permettant pas ^^) ! Dans les deux cas, Volt se présente comme tel : un film d’animation survolté à l’animation agréable à la rétine qui propose de sympathiques personnages mais qui n’a pas le charme d’un chef-d’œuvre Disney conventionnel. Plus celui d’un bon DreamWorks. Mais pour renaître de ces cendres, il faut bien passer quelque part, non ? En tout cas, ce Volt se montre bien plus réussis qu’Atlantide et autres Chicken Little.