On se rappelle encore des affiches immenses dans le métro quand on était jeune, qui ne nous quittaient pas du regard, même si on essayait de se cacher derrière le sac à dos ou le pote ("Mets-toi là." - "Pourquoi ?" - "T'occupes."). Depuis, on est tombé mille fois sur le twist en lisant des articles ou en discutant avec des cinéphiles (il semble que personne ne puisse vous parler de Esther sans vous dévoiler le twist... On ne fera pas cette horrible faute), et on est tombé sur Isabelle Fuhrman au détour d'un festival (a-do-rable !). Eh bien, malgré tout cela, qui aurait pu biaiser le plaisir du visionnage, on a réussi à vraiment plonger dans l'ambiance du film Esther grâce à sa construction solide, sentant le malêtre de cette mère en proie au doute sur l'enfant qu'elle vient d'adopter, et qui semble attirer (provoquer ?) de funestes événements... On a beau avoir rigolé avec "la vraie", ici Isabelle Fuhrman nous a terrifié, par l'étendue de son talent surtout : à 12 ans à peine, elle parvient à garder ce visage impassible, entre l'innocence enfantine et l'absence totale de sentiment du psychopathe, qui font d'Esther un personnage mémorable sur le champ. Cette jeune actrice est le cœur battant du film, donnant tout son relief à ce thriller angoissant à souhait, librement adapté d'un fait divers assez glauque. On ne tarira pas non plus d'éloges sur le final (qu'on ne vous révèlera pas : on sait ce que ça fait) qui mêle sensualisme (idem : à 12 ans, elle assure, car on est encore plus gênés de voir la petite
faire du pied "à son papa"
... Le côté malsain de la scène est presque palpable), révélation-choc (si on ne le sait pas, on imagine que cela doit être stupéfiant), et
combat final qu'on regarde sans ciller (avec en conclusion la chute de la "femme-enfant" qui est vraiment cathartique : bien filmé, bien envoyé dans les dents, on assiste à la noyade...
Une vraie disparition à la hauteur d'un vrai méchant, au top). Inutile d'hésiter, on adoube ce Esther comme étant un très bon film d'angoisse sans jamais tomber dans l'horreur à sursauts faciles, préférant la pesanteur de son ambiance, l'étonnement et l'efficacité de son final, et évidemment la fascination malsaine qu'Isabelle Fuhrman, du haut de ses 12 ans (on n'en revient toujours pas), manie à la perfection.