Jaume Collet-Serra est un réalisateur qui n’avait pas eu trop de chance jusqu’à présent : même si son principal atout était de s’éloigner de son modèle d’origine, sa première tentative ("La Maison de Cire") demeure un film plus que moyen dont finalement les cinéphiles ne retiendront qu’une seule scène (oui : cette pouff de Paris Hilton crève comme une chienne ! Trop jouissif !!) ; quand à son second métrage, "Goal 2 : la Consécration", il est totalement insignifiant et n’aura certainement servi à Collet-Serra qu’à payer sa bouffe et son loyer. Et pourtant, le jeune réalisateur espagnol est la preuve vivante qu’il ne faut jamais abandonner et que la persévérance peut parfois amener à la reconnaissance. Son nouveau film, "Esther", nous présente une couple, Kate et John, qui viennent de perdre leur troisième enfant avant qu’il n’arrive au monde. Kate se retrouve désemparée et n’arrête pas de revivre cette perte dans ses cauchemars. John lui propose alors d’adopter un enfant afin de retrouver une vie de famille paisible. Une fois arrivé à l’orphelinat, ils font la connaissance d’Esther, une fillette douce, calme et posée. Cette dernière les enchante tellement qu’ils décident de l’adopter. Ether va alors commencer une nouvelle vie et tenter de s’adapter à sa nouvelle famille…Je vous vois venir direct : oui alors, vu le pitch de base et l’affiche du film, Esther est encore une énième descendante du diable ou une gamine possédée de plus. Et bien je vous dirais simplement qu’il faut d’abord visionner un film avant de le critiquer et…étouffez-vous avec vos idées reçues à la con !! Certes, "Esther" suit une trame relativement classique (un charmant bambin n’a plus rien d’innocent et menace les adultes ainsi que la sacro-sainte famille américaine) et cela pouvait très rapidement se retourner contre Collet-Serra ; heureusement pour nous, ce dernier arrive à peaufiner assez bien son scénario (notamment en jouant astucieusement sur les clichés du genre) ainsi que ses personnages de façon à rendre l’histoire crédible. Et finalement, "Esther" est plus un thriller horrifique qu’un vrai film fantastique : Collet-Serra nous prouve alors que l’on peut aborder la terreur de façon très sérieuse. En effet, la véritable force d’ "Esther" est d’être mesuré : il parvient à faire monter le suspense et l’angoisse sans jamais sombrer dans la surenchère gore (finalement, si on s’intéresse attentivement aux codes qu’il suit, Esther se rapproche plus de "Seven" que de "La Malédiction"). A la fois surprenant et osé (la scène surréaliste où Esther tente de séduire… –regardez le film pour savoir – est assez ahurissante et glauque sans jamais être grotesque), Jaume Collet-Serra nous a livré un film audacieux sans se planter et qui vous scotchera littéralement par son incroyable et inattendu twist final. Du côté des acteurs, on pourrait presque dire que le film est misandre car les prestations du père et du fiston sont largement oubliables alors que les femmes sont en force : la petite sœur Max (Aryana Engineer dont c’est le tout premier rôle : chapeau !) est fragile et touchante de par son handicap ; Kate est interprétée de toute beauté, surtout dans ses moments de désespoir, par la sensuelle Vera Fermiga ("Les Opportunistes", "15 Minutes", "Un Crime dans la Tête", "Les Infiltrés", "In The Air") ; et LA révélation du film est Esther elle-même, la jeune Isabelle Fuhrman qui joue merveilleusement bien (et ce, en toute sobriété : certaines actrices beaucoup plus âgées qu’elle devraient en prendre de la graine !!) cette fillette étrange et, forcément, un peu inquiétante.
Pour son troisième long métrage, Jaume Collet-Serra a tenté un pari risqué mais qui au final porte ses fruits puisqu’il nous livre une histoire originale et extrêmement bien jouée, avec une ambiance pesante et une esthétique incroyable (la « révélation » des peintures d’Esther est magnifique visuellement parlant !!) ainsi qu’un twist déjà culte…L’un des meilleurs films de terreur jamais réalisés à ce jour, vous vous DEVEZ de le voir au moins une fois dans votre vie !!!