Jacqueline Audry adapte le roman "scandaleux" de Victor Margueritte dans une posture qui est féministe, sinon militante. Déjà, elle avait adapté Colette et son personnage d'ingénue libertine, Minne.
Monique Sorbier s'apprête à faire un mariage d'amour et d'argent avec un séducteur. Désillusionnée, devenue la Garçonne, elle construit en définitive sa vie professionnelle et sentimentale contre le patriarcat, l'infidélité masculine et le conformisme social où sont contraintes les jeunes femmes. En cela, elle est scandaleuse. En cela, le film d'Audry puise son intérêt.
Pour autant, la réalisatrice doit composer aussi avec le moralisme des années 50. La liberté sexuelle que s'octroie la garçonne est abordée plutôt de biais, on s'en doute. Andrée Debar, son interprète, plus anorexique qu'androgyne, n'est sans doute pas assez bonne actrice pour marquer le rôle. D'une façon générale, les personnages ne sont pas très réussis, exception faite peut-être du rôle d'acteur homosexuel de Jean Parédès. Le milieu artistico-libertin de l'après-guerre (celle de 1914) où ils évoluent, entre insolence et snobisme, est futile par nature et futilement mis en scène par la cinéaste. Son film, malgré le sujet, malgré l'audace du sujet, porte les stigmates et pesanteurs de son époque cinématographique dans la réalisation et la direction d'acteurs.