Avis sur Le Général est mort à l'aube

Les amateurs de vraisemblance risquent de manger leur chapeau, cette bonne série B est aussi réaliste que Tintin et le Lotus bleu ! On a ainsi droit à une scène spoiler: de "haut les mains" en cascade"
complètement burlesque (même s'il y a un mort) et ne parlons pas de la fin, qui n'est qu'un grand n'importe quoi complètement assumé. Vu de cette façon, c'est très bon, Gary Cooper est excellent en "aventurier démocrate" (un concept intéressant !) et d'une décontraction désarmante, Madeleine Caroll est parfaite en femme fatale superbement photographiée, quant aux chinois ce sont de vrais chinois de bande dessinée (je vous dis, c'est le Lotus bleu). Cette fantaisie n'empêche pas Milestone de nous tourner tout ça avec un talent fou et de nous livrer quelques innovations complètement étonnantes à l'instar d'un nouveau type de fondu (le fondu poignée de porte qui se transforme en boule de billard) ou d'un split screen en 5 morceaux avec actions sur les coins des écrans. Délectable !

En dehors de quelques beaux plans sophistiqués au possible, de Madeleine Carroll dont on a tout loisir pour contempler son beau visage et d’une mise en scène appliquée, ce film ne respire que l’ennui. Il est même à la limite du regardable aujourd’hui. Il ne faut surtout pas penser que c’est du à son âge, plus de 75 ans, car il existe des films de cette époque que je n’échangerais pas contre des centaines du 21 ième siècle. Non, par contre c’était la mode du moment, l’exotisme mou, ci-fait que ce film était voué à devenir démodé. Une telle mollesse au centre d’une histoire sanguinaire n’a jamais eu aucun sens, pas plus que l’interprétation du général Yang par un mauvais Akim Tamiroff qui en fait des tonnes. Curieusement Gary Cooper semble contaminé par cette ambiance glauque, il y sombre tant que je me demande si ce n’est pas son plus mauvais rôle. On rencontre parfois quelques films qui bénéficient d’une réputation acquise sur une séquence. Ici il s’agit de la scène finale, pourtant d’un grotesque achevé. Milestone a montré un réel talent pour filmer la guerre et par contre coup, l’horreur de celle-ci. Dès que l’action cesse, ses limites apparaissent et son style terne et poussiéreux ressort.