Nouveau Burton, attente ultra-longue, et espérance ultra-forte d'être plongé dans la magie de son univers. Je n'en demandais pas plus, et pas moins. J'ai été moyennement bien servi au début, un peu mieux ensuite, et royalement à la troisième fois. Car Alice, comme tout les Burton, se bonifie au fil des visions, et, comme certains Burton, ne s'apprécie pas instantanément au premier coup d'œil. Il faut du temps, de l'adaptation, de la patience, il ne faut pas tout attendre de la part du film mais donner de soi pour bénéficier du luxe d'être enveloppé d'une ambiance burtonienne unique. En effet, Alice est déconcertant au premier abord : passé la présentation des personnages, du contexte, et de la mise en place de l'intrigue qui s'effectue dans le monde réel, qui est très humoristique (Burton sait nous faire rire finement et sans excès en employant des thèmes récurrents chez lui : le ridicule des nobles venant de leur « rigidité » exagérée, et les lubies de chacun accrue pour donner un ton comique), les péripéties vont s'enchaîner à un rythme effarant ne nous laissant pas dut tout le temps de nous immerger dans ce tourbillon de couleurs virevoltantes accompagnées de la sublime musique d'Elfman (le thème principal est merveilleux, tout simplement.) qui semble nous tirer par la manche en nous disant « ça y est, c'est le moment de fermer les yeux et de s'envoler... ». Mais tout est trop rapide, et la fausse pause que constitue la recherche de la bonne clé ne subvient pas à notre besoin de prendre une bouffée de calme, de poser ses idées à plat et de se lancer dans l'aventure. De plus, Mia Wasikowska est trop fade pour nous émouvoir, et on sent bien que pour le moment, ce qui manque, c'est l'émotion. Personnages fantastiques étalées à la chaînes, tous crées avec le plus grand soin et parfaits dans la forme, bazardées un peu trop vite dans le fond (on finit par s'emmêler les pinceaux quand on veut faire tout à la fois vite et bien...), introduction de notions du monde de Lewis Caroll avec spontanéité mais doublée d'un souffle second degré qui se complètent mal, et dialogues un peu niais, il est difficile de croire en ce nouveau film pendant sa première demi-heure. Cela peut rassurer certains : on est bien en présence d'un Burton, mais d'un type de Burton plutôt « frustrant ». Cependant, petit à petit, doucement, on se plonge dans cette atmosphère de douce folie et on finit par accepter inconsciemment cet univers bizarre et avec lequel il ne faut pas philosopher, penser, décortiquer et analyser. Il faut le vivre. Étrange expérience. Pas tout le monde n'aura droit à y goûter, même parmi les fans. Enfin tout le monde peut tenter sa chance, et n'oubliez pas : persévérez ! Si vous n'avez pas accroché au film, il se pourrait bien que vous l'adoriez au bout de la 4e ou 5e vision ! Bien entendu il faut vouloir aimer Burton pour cela. Pour moi, à la 3e fois j'étais dans le bain dès que la magnifique partition féérique d'Elfman s'est mise à résonner à mes oreilles. Maintenant, un peu de critique « dans les règles de l'art » : côté casting, l'héroïne souffre d'un manque de poigne même si c'est vrai qu'elle ressemble à une Alice telle que l'on se l'imagine (surtout si on est influencé par l'Alice aux pays des merveilles de Walt Disney, chose regrettable dès qu'il s'agit de s'attaquer à la version Burton, j'en conviens.). Johnny Depp ne fait pas des miracles, il nous sert une « redite mixée » qui marche assez bien et finit par nous toucher à la fin. Retenons aussi dans la foulée : Crispin Glover, parfait en valet sombre et traître (faisant penser à bien des égards à Grima-langue-de-serpent dans le Seigneur des anneaux 2), Paul Whitehouse en lièvre de Mars hilarant, et puis le chat Chester (animé en FX bluffant), le lapin blanc, Bayard et Absolem bien sûr. Helena Bonham Carter reste moyenne en reine rouge, on sent qu'elle aurait pu faire mieux. C'est peut-être la faute e Burton qui n'a pas rendu son méchant assez mauvais et malfaisant, lui préférant le ridicule un poil plus. Les effets spéciaux sont fluides et somptueux, l'esthétique est évidemment un des aspect les plus travaillés du film. Le final avec le Jabberwoocky est très impressionnant, et là le film décolle dans un registre épique qui, si certes il y en a pour clamer « du cliché de Narnia assaisonné de Seigneur des Anneaux », a une force indéniable. Je préfère ne rien ajouter, pour ne pas en dire trop et fausser les impressions du lecteur, qui aura d'ailleurs sans doute compris que sur ce film il faut se faire une avis personnel qui se base su le ressenti et qui par conséquent est difficilement exprimable.