Assez bon premier film de Kevin Asch, en gros une immersion dans la vie rituelle judaïque, avec sa lenteur et sa circularité nécessaires, et le décalage qu'il peut y avoir, pour un jeune homme de vingt ans dans les années 90, entre une vie rabbinique assez pauvre et la tentation d'un trafic d'ecstasy très lucratif. Bref, Asch nous présente un scénario très classique dans les termes, proposant un hiatus entre un monde socio-religieux fondé sur des valeurs traditionnalistes et communautaires et un monde moderne traversé par des valeurs monétaires et libertaires (argent, sexe...). L'opposition, sans être originale, est bien traitée ici, et on voit parfaitement le côté transgressif ressortir sur l'horizon de la Loi. Cela dit, des films sur la drogue, on en a déjà vus, de plus violents, de plus réalistes, de plus drôles, de plus réussis...
Asch décide de suivre quand même une voie originale en centrant son film sur le tiraillement et le parcours de Samuel, donc, le jeune Juif, plutôt que de nous embarquer avec sa caméra dans une énième plongée chez les mafieux, leur organisation diabolique et leurs lois immorales. Donc, malgré tout, davantage un film psychologique qu'un film sur la drogue. Il est clair que dans cette perspective, la performance de Jesse Eisenberg ressort immanquablement, et d'une très belle manière : il n'en rajoute pas dans le côté torturé, il joue juste, vite, bien. Tout finit par reposer sur lui, sur son interprétation, et le film est loin d'en ressortir perdant. D'une manière générale, bonne réa, très nuancée, qui sait bien faire ressortir les passages lents (religieux, familiaux, communautaires) par rapport aux passages vifs (monde de la nuit à Amsterdam, boîte de nuit, violence). Déception quand même côté son, avec pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Malgré tout, sentiment global mitigé, et impression que le film est très lisse, sans folie, sans exagération, sans tripes (conséquence peut-être de la psychologisation du film). Il y avait finalement la place de faire quelque chose de très bien, je crois, mais ça manque d'ambition dans la forme et le fond. 10/20.
Et bien sûr, toutes les critiques sur le Tching's cine :
http://tchingscine.over-blog.com/