Enfin ! Voilà un film d'épouvante qui peut se vanter d'être original ! Enfin... Il aurait pu se vanter de son originalité s'il n'était pas le pur copié/collé du chef d'oeuvre de Tobe Hoper, du même nom, datant de 1982. Le nouveau Poltergeist, remake totalement assumé par Gil Kenan s'est construit sur le scénario d'origine co-écrit par Steven Spielberg (qui avait également produit le film) et le moins que l'on puisse dire c'est que le résultat, s'il n'est pas catastrophique, n'a aucune utilité dans l'histoire du cinéma de genre.
Comme le projet originel, une famille emménage dans une jolie maison de banlieue américaine typique. Rapidement des esprits malins manifestent leur mécontentement et enlèvent la jeune Maddie. La famille décide de faire intervenir une équipe spécialisée en activités paranormales, leur seule chance de retrouver la petite fille. Il est difficile de croire que cette œuvre, aussi peu ambitieuse, ait été supervisée par l'un des plus grands créateurs du genre, Sam Raimi (Evil Dead 2, Jusqu'en Enfer) producteur, apparemment plus qu'investi sur le tournage. Peut-être, cela explique que le film ait été plutôt bien réalisé et rend, du coup, inexplicable qu'une équipe d'auteurs efficaces aient perdu leur temps sur un projet aussi futile que ce remake.
Alors, certes, on peut comprendre la démarche du cinéphile passionné voulant faire découvrir, dans un élan de modernisme, à des jeunes spectateurs qui sont allergiques aux effets vieillissants des années 80, l'un des grands chef d'oeuvre qui a renouvelé le concept de la maison hantée. Mais, au-delà de la simple copie dont l'efficacité est plus que limitée, la contrainte « hollywoodienne » de rendre l'oeuvre plus lisse que l'original enlève toute la crasse et la pesanteur qui caractérisait cette soigneuse saleté dont Tobe Hoper a toujours eu le secret. Donc, à part quelques épisodes de « jump scare » sans grande nouveauté et de moments où l'on aurait espéré que le réalisateur ose aller au bout, on reste, indubitablement, sur notre faim et les frayeurs restent de très courtes durées. De plus, pour celui qui connaît le film de 1982, chaque événement est attendu et aucune surprise n'est à imaginer.
Au final ce remake est construit comme toutes ces adaptations, sans saveur, que l'on peut voir aujourd'hui : on s'appuie sur un film qui a marché, il y a plusieurs décennies, on réitère exactement les mêmes événements, puis on le « rénove », faussement, en intégrant les nouvelles technologies et l'on donne la sensation aux profanes du genre qu'ils se trouvent devant une œuvre originale et moderne. On est, à présent, en droit de se demander si la multiplication de ces remake ne répondent pas à la demande d'un public totalement inculte, qui est incapable d'apprécier les œuvres de plus de dix ans d'ancienneté, en proclamant, haut et fort, dans ce langage si peu argumenté que « c'est nul, ça fait pas peur et c'est mal fait ». En tout cas le message de Gil Kenan ne fait aucun doute sur la question puisqu'il affirme avoir voulu laisser la magie théâtrale des monstres de Hoper, de côté, pour livrer une version plus proche de la réalité.
Heureusement, le film possède une qualité indéniable : l'envie de se replonger dans l'univers fascinant du Poltergeist de 1982, où la poésie de Spielberg, associée à la réalisation naturaliste de Tobe Hoper, nous plongent dans un cauchemar surréaliste, rythmé par les sons classiques et électroniques géniaux de Jerry Goldsmith !