(...) La patte visuelle imprimé sur le film par Kassovitz lui confère un ton, une atmosphère, une dynamique qui n'a pas pris une ride. Alors certes, le bonhomme se fait clairement plaisir et étale son talent avec beaucoup de gratuité, avec certains mouvements de steadicam plus ostentatoires que vraiment utiles mais quelle facilité, quel vitalité dans la narration et quel fluidité dans son découpage. C'est admirable de tonicité, de constance et d'envie tout au long du métrage et on sent son envie de se faire plaisir pour faire plaisir au public. (...) Le scénario, adapté en collaboration étroite avec Grangé qui accepta sans sourciller les coupes indispensables à la narration cinématographique, ne ménage pas ses efforts pour tenir le spectateur en haleine et propose en sus quelques péripéties trépidantes avec des cascades spectaculaires, bien servies par le talent de Kassovitz qui s'octroie un petit plaisir en filmant une baston entre Vincent Cassel et deux assaillants. Une scène qui n'a pas un grand intérêt narratif mais qui offre une petite respiration au spectateur, sans occasionner une baisse de rythme. A la revoir aujourd'hui, je trouve par contre qu'elle a mal vieilli, peut être à cause d'une chorégraphie assez bien vue mais trop visible. La scène de poursuite au milieu de la montagne est, par contre, un morceau de bravoure assez hallucinant, à la fois hyper tendue et d'une perfection technique assez bluffante, sans parler de la course-poursuite à pied sous la neige, là encore assez incroyable. Mais la vraie réussite du film, au-delà des scènes d'action, c'est bien sûr l'ambiance et le climat que réussit à installer le cinéaste. Dès le générique, on est dedans. Cette séquence hallucinante, avec cette caméra qui épouse la peau de ce qui s'avère être la première victime, accroche l’œil mais aussi l'esprit du spectateur qui est d'entrée de jeu plongé dans un univers inhabituel. Les scènes d'autopsie sont assez crues et le corps en latex représentant la victime est tout simplement bluffant, constituant assurément un des effets spéciaux les plus réussis des 15 dernières années. Le climat est bien rendu, l'atmosphère anxiogène nous prend aux tripes et on suit avec plaisir une enquête tortueuse, aux multiples ramifications et qui développe en creux certains théories intéressantes. Mais à force de vouloir perdre le spectateur et le dérouter, le scénario finit aussi par se perdre dans ses méandres, aboutissant à un final complètement tiré par les cheveux, pas vraiment convaincant et qui déçoit un peu après s'être avéré excitant. Les acteurs sont très bons, Jean Reno en tête, formant un chouette duo avec Vincent Cassel. Les rôles secondaires sont tenus par certains gros noms comme Didier Flamand, Jean-Pierre Cassel, François Levantal et même Philippe Nahon pour une scène. Nadia Farès fait aussi très bien l'affaire, même si son jeu demeure parfois un poil approximatif et je signalerai aussi la présence d'un tout jeune Laurent Lafitte. (...) La critique complète ici