Après avoir vu Chat noir, chat blanc, j'ai eu l'occasion de visionner un autre film du réalisateur serbe très controversé, Emir Kusturica, à savoir Underground, lauréat de la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1996.
Le film a suscité de grandes polémiques au sein des milieux intellectuels français, on se souviendra notamment de l'article "L'imposture Kusturica" d'Alain Finkielkraut, que celui-ci avait écrit alors qu'il n'avait même vu le film en question.
Sans abandonner l'univers onirique qui lui est propre, Kusturica s'attaque ici à un sujet difficile.
Mais l'on ne regrettera pas son traitement particulier, car outre le plaisir évident que procure un ton délibérément burlesque, original et baroque, le message (en l'occurence l'absurdité et l'inutilité de la guerre) est rendu plus accessible grâce à ce traitement.
Le canevas est tiré d'une pièce de Dusan Kovacevic, dont le réalisateur n'a retenu que certains aspects: l'idée de la manipulation d'un homme par un autre exercée pour la conquête d'une femme, puis, dans un moindre mesure, pour un intérêt économique et une influence politique.
De ce canevas, Kusturica a fait une vaste fresque, inclassable, qui commence par un épisode montrant Belgrade sous les bombes nazies et finit par le conflit yougoslave des années quatre-vingt-dix.
Analysons donc un plus pertinemment le scénario, qui, en raison de sa richesse, mérite d'être approfondi.
Pour commencer, rappelons en bref le synopsis de l'oeuvre: Un réfugié communiste, du nom de Marko, fait croire à son ami et rival Blacky ainsi qu'à ses compagnons, proches et amis, pendant vingt ans, que la guerre (il s'agit de la seconde guerre mondiale) continue, dans l'unique fin de vivre sans encombres et librement avec Natalija, une actrice charismatique. Pour résumer la situation, compagons, amis et proches sont enfermés dans une cave, alors que Marko vit, relativement heureux, avec Natalija.
Ensuite, insistons sur le fait que le trio composé par Marko, Blacky et N