C'est mon deuxième film de Kusturica et j'ai été un peu moins emballé que pour Arizona Dream, même si le film est plutôt sympa à regarder. Disons que les 2h45 ont été un peu longues pour moi car j'ai trouvé que Underground souffrait de nombreuses longueurs, notamment en milieu de film. Il est séparé en trois parties : La Guerre (mondiale), La Guerre Froide, et à nouveau la Guerre (celle qui a eu lieu en Yougoslavie dans les années 90). Le film s'étale donc sur 50 ans à travers trois personnages : Blacky, Marko et Ivan. Dès le début on est plongés dans une ambiance bien à part grâce à la musique typiquement serbe. On suit dès le début nos personnages, évoluant dans Belgrade au milieu de bombes comme s'ils s'en moquaient, suivis par une fanfare qui jouent sans relâche. Le début du film est déjà sujet aux émotions, avec le bombardement du zoo et le début d'une amitié entre Ivan et un singe. Ivan est clairement le personnage qui m'a le plus passionné, le plus humain et le plus sensible, comparé à son frère Marko, sombre manipulateur insupportable. Blacky, lui, est entre deux eaux pour moi, pas toujours intéressant mais plutôt amusant. Les acteurs sont tous excellents dans leurs interprétations, amenant souvent au rire dans la première partie du film. J'ai eu plusieurs éclats de rire pendant le visionnage, très souvent inattendus. Cependant, le film est également très sombre et toutes les scènes dans la cave sont assez tristes à voir. Les quelques défauts du film résident pour moi dans trop de longueurs au milieu du film. Non seulement certaines scènes sont moins passionnantes que d'autres, mais en plus j'ai trouvé que Kusturica n'avait pas passé assez de temps à expliquer et le pourquoi et le comment de cette décision de Marko d'enfermer les gens dans la cave. Qui plus est, la musique qui était très agréable et sympathique au début du film devient petit à petit très lourdingue à entendre. A part ça, toute la dernière partie du film est une merveille (la dernière heure). L'évasion de Blacky et son fils Jovan de la cave est géniale. On en revient un peu à l'allégorie de la caverne de Platon, puisque Jovan n'a jamais vu le monde extérieur et ça donne lieu à de nombreuses scènes très drôles (il confond la lune avec le soleil, prend un cerf pour un cheval avant d'ajouter "c'est comme ça que tu me dessinais les chevaux", à mourir de rire). Bref, cette partie n'est cependant pas dénuée de noirceur, et parfois on rit jaune. Tout ceci pour préparer la 3e partie du film que j'ai, là, adoré de bout en bout car on tombe dans un drame très profond centré notamment sur Ivan, qui cherche son singe et retrouvera son frère Marko pour donner une scène magnifique. Bref, ce film est une fresque sublime sur l'ex-Yougoslavie même si je n'ai pas su en apprécier toute la saveur. J'aurais préféré, par exemple, que le retour de Blacky dans le monde réel dure plus longtemps, car j'ai trouvé cette partie délicieuse. Il n'empêche que le film est intéressant et que Kusturica (même si, pour moi, il n'égale pas ici Arizona Dream) nous a livré une belle oeuvre à voir. Le final est renversant.