Une adaptation attendue du jeu vidéo culte (en tout cas, culte pour moi…) qui s’avère très moyenne, malgré toutes les possibilités qui étaient entre les mains du réalisateur. En effet, Max Payne était un jeu qui regorgeait d’idées, à l’intrigue hallucinante et haletante dès les premières minutes, l’ambiance générale était très sombre, glaciale même, et les personnages étaient travaillés pour devenir rapidement captivants.
Malheureusement, on se rend vite compte que les scénaristes ont beaucoup trop modifié l’intrigue en cherchant à faire de l’hollywoodien pur et qu’ils ont perdu l’essence même du jeu, le fil conducteur. Du coup, le scénario est pauvre, très pauvre, mais ce n’est rien comparé à la fin du film, totalement ratée…lorsqu’on connait la véritable fin du jeu vidéo (on passe d’un hélicoptère qui s’écrase sur le toit d’un immeuble après un exploit au fusil à une simple exécution du méchant qui n’a plus de munition…). De même, les personnages sont inintéressants, que ce soit Max Payne lui-même, pourtant interprété par Mark Walhberg (que j’aime bien), mais qui ici fait preuve d’à peu près autant de charisme et de palettes d’émotions que Ben Affleck (c’est dire !)…ou bien encore le méchant barré et shooté qui se transforme en mec tout droit sorti d’un boy’s band, bodybuildé à souhait et torse nu tout le film. Même Mila Kunis, pourtant sublime, manque de présence en incarnant un personnage quasi inutile, tout comme Beau Bridges, pas crédible une minute dans ce rôle aux deux visages, ou bien encore Olga Kurylenko, certes magnifique et ultra sexy, mais qui doit croire qu’elle tourne la suite de Hitman (tant son rôle est similaire, jusqu’à sa tenue).
Concernant le scénario et la mise en scène plus en détail, on regrette surtout que Moore ait choisi de rendre trop crédible Max Payne, d’en faire un individu trop lambda au point qu’il en devienne très vite mou et ennuyeux. A ce propos, et c’est rare de faire ce reproche, je trouve que les scènes d’action sont trop courtes, alors qu’elles sont un élément majeur du jeu…contrairement aux ralentis, qui eux, par contre, sont beaucoup trop présents et n’apportent rien à l’histoire. En fait, l’intention était surement bonne de vouloir le rendre « humain » mais les vrais bons films d’action à la Die Hard font la part belle à un héros, un vrai, un mec qui passe à travers les balles avec humour (ce qui manque aussi par rapport au jeu), qui a de la chance et tire sur tout ce qui bouge en faisant à chaque fois mouche. Ce choix ralentit très clairement l’action, rendant l’intrigue lente et fade, alors qu’elle aurait du être plus fluide, avec moins de bavardages inutiles et plus de concret dans l’action.
En fait, la vraie seule réussite du film est visuelle, dans cette atmosphère très noire et enneigée, glauque, sombre, qui correspond totalement à celle du jeu et qu’est parvenu à retrouver Moore. Franchement, si l’on ne se fie qu’aux images, on se croirait dans le jeu, ces plans de nuit sur la ville enneigée plairont à coup sûr aux fans et aux nostalgiques de Max Payne…dommage qu’il n’y ait que ça !
Auteur du livre "Guide de Survie du Cinéphile Amateur" (sortie janvier 2019)