Critiquer un film consiste à écrire ce qu'on en pense. Trop vite, les critiques en herbe pullulant sur internet confondent critiquer au sens premier, soit philosophique, et la critique facile... Internet ne sert pas que d'immense terrain de jeu pour geeks boutonneux, ravis d'assouvir leurs fantasmes, comme différents médias sont insatiables sur le sujet. Le corporatisme de ce médias s'est notamment exercé lors de l'affaire Polanski (ou lors de celle de Frédéric Mitterrand). On a pu assister à un sauvetage en grandes pompes de la caste, quand cette figure tombait dans escarcelle de la justice qui le vouait aux gémonies, comme tout justiciable, comme tout manant. Comme un prolongement attendu, les spécialistes du cinéma se sont rués sur l'occasion de la sortie The Ghost-Writer pour redorer l'image du cinéaste. Les cadeaux dithyrambiques du copinage de milieu se sont multipliés aussitôt. Naïvement, l'on pourrait finir par croire que cette approbation générale ne peut que logiquement côtoyer un semblant de réalité, car les gens finiraient par s'apercevoir de la supercherie. Et pourtant, et pourtant. The Ghost-Writer est bien filmé, c'est certain, il est sobre, épuré, c'est monté comme il se doit, cadré correctement, mis en scène sans accroc, à part, cette scène d'agression dans la rue, ahurissante d'amateurisme cinématographique, mais qui paradoxalement satisfait le public déjà perplexe de nature quant à la qualité du produit qu'on souhaite lui imposer... Le film est en réalité très moderne et ne rompt en rien avec ce qu'on peut qualifier de film grand public actuel à gros budget. Non pas qu'un gros budget soit une mauvaise chose en soit, au contraire, mais l'utilisation policée de tels moyens sent mauvais la production de masse flattant autant la rétine que la morale établie. Thriller politique ou pas, on assiste à un enfilage de perles. Pas plus ni moins. L'enquête est menée par un faux naïf, et déjà, on arrête d'y croire, mais ce n'est pas grave puisqu'on nous dit que le film est intelligent. Lisez les critiques presse bon sang! Le suspens quant à lui, est retors, et tellement retors qu'il fera appel aux classiques engrenages du thriller, avec la scène de lit, l'épouse plus complexe qu'on nous la laisse paraître, le méchant gentil, etc... mais qu'importe, on doit lire qu'il est intriguant! Troisième élément de raillerie, et juste pour le plaisir et pour finir, moquons-nous ouvertement de ces très intelligents ressorts de l'histoire, l'utilisation unique en son genre au cinéma, si, puisqu'on nous le dit, suivez un peu, le film est formidable... Un GPS qui donne le dernier itinéraire du mort va permettre à Ewan McGregor de remonter la piste, formidable, puisque celui-ci s'apercevra bien plus tard, que les premiers mots de chaque page du mémoire écrit par ce même mort et qui est sans cesse remis au centre du récit, forment une phrase pointant du doigt le bourreau! Si ça ce n'est ni de l'originalité ni une intelligence rare, nos experts ne s'y connaissent pas! Il y a en réalité peu d'intérêt à voir ce film. Il y a en revanche un paquet d'éléments involontairement comiques, quand on affectionne un tant soit peu le cinéma, de qualité. Apprenez pour mieux vous achever, que le sujet politique du film n'est franchement pas complexe, et que l'issue dans tous les cas sera soit la Russie soit la Chine, ou sinon les ventes d'armes. faut faire simple pour vendre. Il y a donc peu d'intérêt à en faire tout un plat, si ce n'est pour dénoncer l'unanimité de rigueur, comme toujours.