Je n'attendais pas grand chose de Ghost Writer et ce fut vraiment une bonne surprise. On retrouve enfin LE Polanski, celui qui nous avait quitté après Tess, celui qui est sombre, ironique et qui aime faire jouer le spectateur. Bon il y a bien eu Le Pianiste, mais celui-ci malgré ses qualités reste un peu convenu. On retrouve par la même occasion un certain sens du thriller, presque un classicisme, mais très appréciable au passage. Cette histoire de nègre d'écrivain semble assez facile dans les premiers instants mais rapidement on est surpris par les faux-semblants, les personnages complexes aux multiples visages. Une intrigue se met petit à petit en place, rien n'est immédiat, tout est progressif. Progressif, c'est le mot pour décrire l'ambiance du film, assez légère au début et qui devient de plus en plus pesante et angoissante, bien coupée par certaines scènes plus calmes, mais la pression reprend de plus belle, si bien que la crise de nerfs nous guette à certains moments. La mise en scène n'est ni lente ni rapide, bien dosée, elle est elle aussi assez classique, mais il s'en dégage un sens assez beau dans la simplicité. Les plans, les scènes sont crédibles, on croit à la sobriété du film. Les acteurs de leur côté jouent subtilement, notamment Pierce Brosnan et Olivia Williams, qui sont des personnages complexes qui ne révèlent jamais leurs secrets. Ewan McGregor, qui par le scénario joue un personnage moins subtil, est très bon et convaincant dans le rôle du nègre, on y croit. Le plus du film reste pour moi sa fin : une fin parfaite, celle qui à la fois ouvre de nombreuses portes, mais qui est surtout capable de balayer tout ce que vous croyez avoir compris, celle qui balaie toutes vos suppositions à vous qui croyez être plus malin que tout le monde en ayant pigé toutes les subtilités qui finalement n'en sont pas. Une telle fin aussi réussie, je n'en avais pas vue depuis Usual Suspects, c'est dire. Un grand Polanski donc, pour un film qui renoue avec un certain sens du thriller.