The Ghost Writer est d’abord un film d’ambiance et de mystère.
Un thriller sur fond politique, magistralement réalisé par Polanski. Qui nous dénonce de manière subtile les dessous noir de la politique.
Instabilité qui est d’abord celle du climat, très humide, où la pluie peut brusquement s’abattre, où l’orage arrive sans crier gare. Je crois que l’on ne voit à aucun moment le soleil dans le film, les scènes se déroulent toutes de nuit, où sous un ciel menaçant voire pluvieux. Comme si le climat reflétait le trouble qui envahit le personnage principal dès sa première lecture du manuscrit laissé par son prédécesseur.
Avec son inquiétante étrangeté, ses hôtels déserts et ses pavés mouillés, Ghost Writer distille une atmosphère somnambule et poétique.
Destin dérisoire, enquête dérisoire, dirigeants dérisoires, dans Ghost Writer, décidément, rien n’est jamais sérieux et c’est bien là que réside toute la profondeur polanskienne celle d’évoquer avec la distance ironique nécessaire la tristesse de notre condition.
Les premières scènes du film mettent tout de suite dans l’ambiance : un ferry arrive à quai sur l’île, les voitures sortent une à une mais l’une d’elles reste sur le ponton, sans conducteur ; le plan suivant montre de loin, sur une grande plage déserte, un corps échoué ballotté par les vagues.
Tout est à l’avenant dans ce film, tout contribue à installer une aura de mystère et d’angoisse diffuse. Comme l’île au ciel plombé, ce paysage hivernal de landes battues par le vent et la pluie, le quai désert du ferry à la tombée de la nuit.
Les poussées dramatiques et humaines sont intenses, traînant une atmosphère tout aussi envoûtante que stressante, et convoquant modernité et nostalgie l’aspect politique parfaitement creusé.
Le film vaut surtout par l'ambiance qui s'en dégage , une atmosphère étrange et poisseuse principalement sur l'ile,le reste est très hitchcokien soutenu par un excellent Ewan McGregor qui incarne à merveille un jeune type banal, habitué à un statut d’homme de l’ombre qui semble parfaitement lui convenir, mais qui décide pour une fois de ne plus s’en laisser conter et pour cela va mettre sa vie en jeu. Il est de toutes les scènes et le spectateur mène l’enquête avec lui, va de surprise en révélations, essaie d’échapper à ses poursuivants, risque sa peau avec lui.La dernière séquence, fulgurante, où tout se passe "hors champ", est inoubliable.
En bref ,The Ghost Writer est le meilleur Polanski depuis bien longtemps. Un suspense politique où la force classique de la mise en scène (sobre, élégante) se marie à l’intelligence d’un script brillant et au travail impeccable des acteurs (le retour en force d’Ewan McGregor, étonnant ; le meilleur rôle de Pierce Brosnan ; et l’avènement d’une actrice méconnue, Olivia Williams). The Ghost Writer est d’abord une formidable machinerie hitchcockienne qui plonge un jeune homme innocent dans un complot kafkaïen.
Une claque, une vraie, l’une de ces belles leçons de cinéma dont sont capables les plus grands.