Sans revenir ici sur la vie privée de Roman Polanski, disons simplement que The Ghost Writer est en quelque sorte son exutoire, et quel exutoire. Le retour à la réalisation d’un tout grand du cinéma, peu importe ce qui l’entoure, mettant là en scène un thriller d’une efficacité remarquable, d’une sobriété intelligente. Polanski démontre une fois de plus qu’il est homme à savoir cultiver le mystère, le suspens, aussi bien qu’un jardinier ses plantes vertes. Oui, tout ça pour dire que ce qui marque, sur The Ghost Writer, c’est cette faculté qu’à la cinéaste a toujours garder le fil tendu, à captiver sans ennuyer, à entretenir le mystère. The Ghost Writer, donc, un film sombre, intriguant, relativement simple d’accès mais approfondi au possible.
En collaboration avec l’auteur du roman éponyme, Robert Harris, Roman Polanski tire tout le potentiel d’un récit politique, policier dans une certaine mesure, pour convertir tout ça en long métrage respectueux de l’œuvre écrite. S’entourant d’acteurs formidables, Ewan McGregor étant tout simplement formidable, et notamment Pierce Brosnan, dont c’est ici le meilleur remède afin de tourner une page James Bond et de prouver un tout autre talent, le cinéaste fait tout juste. De ses prises de vues remarquables au choix d’une bande son digne de ce nom, de sa direction d’acteurs à son sens du détail, il démontre un talent inébranlable, alors que bien d’autres se sont essayés au même exercice sans le grand succès découvert ici.
Le récit exploite donc la littérature biographique afin d’entrer dans le cercle privé d’un ex premier ministre britannique. A partir de là, l’auteur, le nègre comme on l’appelle, va de découverte en découverte, s’enfonçant chaque minute d’avantage profondément dans ce qui s’apparente à une conspiration politique, soulevant des pierres plates ou sont enfouis des mystères ayant de quoi faire vaciller l’opinion public. Les relations entre les différents protagonistes sont tendues, électriques, et constituent le fer de lance du film. Le personnage d’Adam Lang est littéralement vampirisé, contrairement à celui de l’auteur parachuté dans ce qui semble être un beau merdier.
Oui, Polanski nous démontre son savoir-faire, son engouement pour le cinéma juste et sincère, demandant du travail, de l’affranchissement personnel. La fin, à glacer le sang, démontre que même les chutes, le cinéaste les maîtrises parfaitement. L’on pourra également s’émerveiller des décors, du lieu, principalement une île de la côte est des Etats-Unis, sauvage, desséchée, sur laquelle une maison froide, esthétiquement idéale, trône comme le repère d’un politicien en exile auprès de la nation qu’il sert et qui n’est pas la sienne. L’actualité des années 2000, en ce qui concerne la guerre de l’occident face au terrorisme est par ailleurs, pour bien situé The Ghost Writer, au centre des débats. 18/20