Ne vous fiez pas à mon titre un tantinet moqueur ! Bien au contraire. Car plus je vois ce film, plus je pense que les films à la Twilight et 50 nuances de Grey doivent aller se rhabiller fissa. Ceci dit, je ne suis pas un expert du cinéma de David Cronenberg et il y a beaucoup de films que j'aimerai bien voir fissa même les plus récents (comme Cosmopolis ou Maps to The Stars, ou le seul titre correspond à ma plus grande frustration de 2014 avec X-Men Day of Futur Past et The Gran Budapest Hotel). La on va parler de A Dangerous Method qui est excellent mais souffre quand même de quelques approximations.
Tout d'abord ce film, je l'adore. Il s'agit d'un excellent biopic sur la vie de Sabina Spielrein et la confrontation entre 2 Psychiatres à savoir le plutôt inconnu Carl Gustav Jung et le célébrissime Sigmund Freud. Le film est bien réalisé et bien rythmé, avec quelques plans inspirés. Et l'ambiance est froide à souhait. On sent bien une ambiance oppressante de la psychiatrie du début du 20e s, que ce soit dans les dialogue et les relations entre les personnages. Car c'est ça l'intention du réalisateur, montrer que le domaine de la psychiatrie n'avait rien d'idyllique ni de foncièrement chaleureux. Et il y arrive. Ici, la psychiatrie est tout juste balbutiante et les confrontations entre Freud et Jung, sont vraiment classes, même si on sent que c'est relégué aux seconds plans.
Et c'est là on vient au personnages et aux jeux d'acteurs. Ils sont tous bien interprétés.
Viggo Mortensen, joue très bien le psychiatre de renom Sigmund Freud, même si j'avais du mal à croire que c'était lui. Je me suis toujours demandé si ce n'était pas Christophe Waltz tellement la ressemblance était troublante (et pour l'anecdote, c'était bien Christophe Waltz qui devait incarné le célèbre psy). Il est un peu en retrait par rapport aux 2 autres personnages mais juste comme il faut. Il incarne une facette très paternaliste de Freud, qui en temps que principal responsable de la clinique, essaye en vain de mettre en garde le professeur Jung des dangers de sa méthode; danger que ce dernier s'évertue à ignorer et qui le sera fatal dans son professionnalisme.
Michael Fassbender est lui aussi excellent dans le rôle de Carl Gustav Jung. Il est l'un des 2 points d'évolution du film. Il incarne un psychiatre froid mais méthodique qui obtient de bon résultat, mais avec un méthode à l'opposé de Sigmund Freud dont il ne mesure pas les dangers. Au fur et à mesure du film et avec sa relation qu'il noue avec Sabina Spielrein, il va se rendre compte progressivement des dérives dont il fera malheureusement les frais. Et c'est l'un des premiers défauts du film. Il nous montre le psychiatre froid tout le long pour qu'il craque d'un seul coup et...de manière assez brusque. On ne sent pas trop la déconstruction du personnage, même si la fin nous le montre bien déconstruit. Elle intervient trop brusquement et c'est un peu dommage.
Et bien sûr Sabina Spielrein, jouée par Keira Knightley. Cette actrice est énorme dans ce film. Elle interprète bien la future psychiatre du bout au bout. Beaucoup pense qu'elle surjoue trop la folle...euh...sérieux les gars ? Vous avez déjà été dans un hôpital psychiatrique ? On trouve tout type de crise et niveau hystérique est juste dans le ton (si si, si vous voyez comment sont les vrais hystériques, c'est à peine si elle joue trop calme). Cela n'a rien à voir avec les fous de Vol Haut dessus d'un nid de coucou qui étaient plutôt sage. D'ailleurs, son évolution sert très bien le film qui évolue dans une direction que je n'avais pas prévu mais logique au fond.
Beaucoup trouvent ce film ennuyeux, ce que je n'approuve pas. Car l'intérêt du film n'est pas tant la relation Sabina / Carl, mais bien la méthode de Carl et ces conséquences. Choses que durant tout le film on ressent progressivement les effets sur lui déjà et son entourage.
Pendant, une bonne partie du film, il n'est pas conscient du danger de sa méthode et elle obtient de très bons résultats (loué par Sigmund). Elle a permis de traiter de nombreux malades notamment Otto (joué par Vincent Cassel, tient il était là) Sabina et quelques autres et s'en défendaient faussement de ne pas mêler vie privée et vie professionnelle.
Mais une fois qu'il a traité et guéri Sabina que le film prend une autre dimension. Non seulement l'intérêt n'est plus de savoir si le traitement appliqué à Sabina (
à savoir faire du masochisme...ouais, vous n'imaginez même pas l'effort que je fais pour ne pas sortir une blague nulle
) a eu les résultats escomptés et qu'elle est guérie; mais aussi de savoir les conséquences inattendus que son traitement a eu sur sa vie professionnelle (et bizarrement pas personnelle , encore un défaut assez bizarre). Et c'est là que le film prend une tournure assez classique.
Oui, si la première partie est juste bien en terme de traitement, la seconde est beaucoup plus classique et joue plus sur les états-d'âmes de Carl et la dégradation de sa relation avec Sigmund Freud. Sabina est un peu relayée aux seconds plans à partir de la rupture et du fait qu'elle poursuive ces études en médecine. Mais là l'intérêt est plus de suivre le personnage de Carl et je dois reconnaître que ce n'est pas aussi captivant que Sabina. Pour elle le contexte hors norme suffisait à elle seule de porter le titre, alors qu'ici c'est bien plu classique mais pas moins bien maîtrisé.
Bref, un très bon biopic qui nous emmène bien dans l'ambiance psychiatrique du début du 20e siècle. Heureusement qu'on a préféré pour la psychiatrie la méthode de Freud que de Jung. Vous imaginez Harley Queen faire ça au Joker. Quoique...