UN CIGARE DANS LE CUL : Cronenberg, on le sait, c'est le cinéaste de la transgression, du dépassement des limites, de la perversion, la fascination pour la mort, le meurtre, le sang qui aime le choc et la sensation, la chair à vif et les pulsations rythmées d'un cœur à moitié tourné vers la mort. Avec « A Dangerous Method », c'est tout autre chose qui nous est proposé : les seules scènes de sexe sont fades et sans intérêt, la transgression inexistante et l'originalité insignifiante, autant dire un film tout à fait polis, gentil et respectueux. Ce n'est pas habituel mais allez laissons nous prendre au jeu... hélas le jeu s'avère très vite bien amer tant il est bavard et peut intéressant, les idées ( disons plutôt les idiomes psychanalytiques ) sont jetées sur la table sans jamais de lien logique et justifié et surtout nous sont exposées chaque fois très superficiellement, tout est effleuré mais rien n'est pénétré. Très vite on tombe dans un enchainement de discussions entre « Freud » et « Jung » qui n'apporte pas grand chose si ce n'est un rafraichissement partiel de nos vagues connaissances liées à la psychanalyse ; on n'a l'impression de plonger dans un bouquin de « psychanalyse pour les nuls » oral, franchement indigeste et très peu captivant. Et même si l'arrivée furtive de Vincent Cassel dans le rôle d'Otto Gross est rafraichissante et apporte enfin un échange d'idées/conceptions intéressantes et croustillantes, celle-ci est finalement trop courte pour nous accrocher de nouveau à ce long métrage qui sombre assez rapidement vers les méandres, si ce n'est d'un ennui profond, d'un relatif abattement qui nous pousse à suivre l'histoire comme on suivrait un fleuve paisible couler des jours tranquilles dans son lit sans relief et inanimé. De plus, si les rôles masculins sont convaincants, Keira Knightley peine dans le sien, à trop sur-jouer elle s'y perd et tend à rendre le personnage grotesque. En gros « A Dangeroux Method » s'élève comme étant une œuvre visuellement assez réussie mais dont le sens reste si peu creusé et développé qu'il en vient à paraître totalement dénué d'intelligence et de profondeur ; le choix du réalisateur de ne prendre position pour aucun des deux psychanalystes est louable mais sert tellement peu l'intérêt de la situation qu'on eut pu espérer le contraire, pour davantage de frénésie et d'implication. L'anecdote quant à elle de cette relation entre Carl Jung et sa patiente semble également sous-exploité : on passe si facilement de la pulsion coupable à la pulsion assumée que ça en devient pas franchement crédible. Intéressant, par contre, le film se montre dans l'exploitation et l'exposition des divergences entre les deux sommités et surtout dans la mise en évidence du caractère profondément orgueilleux et hautain du cher Sigmund qui n'a semble t-il pas volé sa sulfureuse réputation... En somme, Cronenberg est très loin de ses sommets et produit ici une œuvre bavarde à souhait sans parvenir à être captivante ou instructive, presque un fantôme dans la filmographie du réalisateur... Allez lire Freud et Jung vous u trouverez davantage votre compte.