On aurait pu s'imaginer Cornenberg s'attaquer à tout sauf à ce genre de film. Une fiction historique adaptée de faits réels, se focalisant sur la rivalité qui anima les psychiatres (les psychanalystes pour être précis) Freud et Carl Jung à propos de leurs travail théoriques et de leur relation avec l'étrange Sabrina Spielrein, ancienne patiente hystérique et masochiste de Car Jung.
Une histoire un peu abracadabrante et franchement pas très attirante, mais qui méritait tout de d'être portée à l'écran car étant originale. Le domaine de psychanalyse n'a pratiquement jamais été exploité sur grand écran et il me semble que c'est la toute première fois qu'apparait le célébrissime et assez dérangé (sexuellement parlant) Sigmung Freud, chef de fil de la psychanalyse. Les faits, se situant au début du XXème siècle, sont en fait une succession de relations entre des personnes torturées et rongées par leurs désires, croyances, volontés et travail. Un drôle de mélange qui, sur l'écran, est plutôt palot. En effet, malgré un début particulièrement efficace(le traitement psychanalytique oral de Sabrina par Jung), le soufflet retombe rapidement, plongeant le spectateur dans une torpeur sans fond. On n'échappera pas aux conversations houleuses et infinies de Jung, de ses relations intrigantes mais incompréhensibles avec Freud, de ses longs doutes et remords, crucifié entre sa famille et son amour pour son étrange maitresse et ancienne patiente, Sabrina. Malgré le fait de disséquer dans le moindre détail les comportements et sentiments contradictoires et très départagés de Carl Jung, l'ensemble du film manque réellement de dynamisme et de consistance. On ne voit pas trop ou Cronenberg tente de nous amener et c'est avec ennui et amertume que l'on termine cette tragique histoire passionnelle. Le film se questionne certes sur la volonté, l'accomplissement personnelle mais surtout sur les évolutions de la psychanalyses en matière sexuelle (Faut-il tout rapporter au sexe? Faut expliquer tous les maux humains à travers une interprétation sexuelle?) , mais ne fait qu'effleurer ces sujets pourtant passionnants. Même le personnage de Freud, pourtant très bien campé par l'excellent Viggo Mortensen (qui ne se dénude pas, quel étonnement), est mis en second plan, totalement écrasé par les rencontres et ruptures des deux amants.
Le film souffre d'un rythme nullement soutenu; la mise en scène, très classique, ne vient pas arranger les choses, bien qu'on ne puisse lui adresser aucun reproche.
Seules les interprétations sauvent le film de la déception totale. Viggo Mortensen est Freud, cela ne fait pas de doute, tandis que Keira Knightley livre ici sa plus brillante prestation, accomplissant des miracles de réalisme dans la peau d'un personnage pourtant délicat à camper. Michael Fassbender se fait étrangement discret, bien qu'étant le protagoniste principal du film, et ne convainc pas totalement, malgré sa dévotion complète dans le rôle de Carl Jung. Enfin l'apparition éphémère mais assez comique d'un Vincent Cassel toujours honnête relève partiellement notre intérêt (le film comporte quelques phrases drôles et bien placées, très appréciables).
On ressort forcément déboussolé de "A dangerous Method". Un film qui déçoit par son atonie et son manque de finition et peine à convaincre, malgré une idée de base intéressante. 10/20