Même si sa patte froide et cérébrale, avec ses ambiances parfaitement maîtrisées et son érotisme sous-jaçent, restent la marque de fabrique de sa carrière, la nouvelle période stylistique de Cronenberg, entamée avec Spider, consacrée avec A History of Violence et poursuivie avec les Promesses de l'Ombre et caractérisés par un élargissement des genres, une mise en scène plus académique mais aussi plus confiante et donc pleine de surprises, est fascinante. Son nouveau film, A Dangerous Method, était donc attendu avec beaucoup d'espoirs. Pour quel résultat ?
Tout d'abord, les trois acteurs principaux (voir quatre, pour inclure le toujours doué et surprenant Vincent Cassel) sont excellents. Viggo Mortensen campe un Freud vieillissant et intimidant à l'égo assez démesuré, Fassbender confirme après Shame qu'il est l'un des meilleurs acteurs du moment (il a encore quelques scènes de "sexualité dérangée" dans ce film, ça devient un habitude !), et Keira Knightley surprend par son interprétation hystérique et beaucoup plus mature que d'habitude. La mise en scène, tant dans le photographie que dans le montage, dans la réalisation que dans la bande son, est sublime (les excellents collaborateurs de Cronenberg, le compositeur Howard Shore en tête de ligne, y sont pour quelque chose). Le scénario, quand à lui, substitue aux mutations et mutilations corporelles des anciens films du réalisateur les changements et bouillonnements plus discrets mais non moins violents de l'esprit. Il présente une réflexion intelligente et prenante sur les débuts de la psychanalyse et ses limites, tout en lui superposant une petite dose de romance bienvenue et un érotisme à peine caché.
Mais le film, malgré sa courte durée, étire parfois trop en longueur certaines scènes et manque du coup de développer certains autres points. Il est parfois aussi un peu trop bavard, et un grain de folie justement n'aurait pas désavantagé la mise en scène, au contraire.
En tout cas, on attend le prochain (Cosmopolis) avec impatience...