Un film que les fans de Cronenberg (tels que moi, donc) attendaient depuis des mois, édulcoré d’un casting en or et d’un titre qui laissait présager d’une ambiance bien glauque. De surcroît, il était intéressant que ce film sorte à la même période que Oh My God ! (traitant également de l’hystérie féminine, mais sous un jour comique).
SYNOPSIS
Sabina Spielrein, souffrant d’hystérie sévère, est amenée au Docteur Carl Gustav Jung. Celui-ci la soigne peu à peu grâce à la méthode de psychanalyse inventée par Sigmund Freud, puis la jeune femme devient également sa maîtresse, ce qui amène Jung à gérer des dilemmes moraux complexes. La film traite également de la rencontre et de la relation de pouvoir entre Jung et celui qui deviendra son mentor, ami, et adversaire : Freud.
CRONENBERG, C’ÉTAIT MIEUX AVANT
Ce n’est pas ma faute, je préfère le Cronenberg de Vidéodrome et Ringers, celui qui inventait des outils chirurgicaux bizarres, droguait ses anti-héros et fouettait des écrans de télévision en leur attribuant une voix de femme. Comparé à ces petits bijoux noirs des années 80 ou même à l’ambiance morbide de Crash, et malgré un titre prometteur, il faut bien avouer que A Dangerous Method se révèle un peu fade.
En effet, on a été habitué à un réalisateur plus subversif, et les moins aguerris risquent même d’y piquer un somme : l’histoire est terriblement linéaire, décousue et dépourvue d’éléments stimulants à quelques exceptions près. Encore un film victime d’une bande annonce trop belle…
Seule ou presque, Keira Knightley en met justement plein la vue dans un rôle qui lui permet enfin de se distinguer entant qu’actrice de talent. Les amoureux de la gente demoiselle prendront une belle claque : celle-ci n’est épargnée, que ce soit physiquement (camisoles boueuses et robes mochissimes) ou mentalement (diantre, cette crise d’hystérie dès les premières minutes est inoubliable).
Pour le reste, l’on s’amusera de voir Viggo Mortensen en Freud, même si le rôle ne lui convient que vaguement ; l’on se pâmera devant un Michael Fassbender toujours aussi bon acteur (mais bien moins spectaculaire que dans Shame), et l’on ne profitera que furtivement d’un Vincent Cassel dont on apprécie toujours autant l’insolence.
Je regrette de n’en savoir plus sur la véracité historique des faits relatés dans l’oeuvre, j’ai entendu dire que le film était trop “grand public” et s’abaissait à la psychanalyse de comptoir. De mon côté, j’ai surtout souri en constatant que Freud, obsédé par les névroses sexuelles de ses patients, était de son côté dans le besoin d’un contrôle permanent sur son élève, ainsi que possesseur d’un fauteuil étrangement phallique, et arborait constamment un gros cigare à la bouche (je dis ça, je ne dis rien).
Enfin, l’on notera quelques passages magnifiquement écrits, dont une référence à la montée du nazisme et aux massacres de la Seconde Guerre Mondiale dans un rêve prémonitoire de Jung (une scène historiquement discutable mais vraiment intéressante).
En bref, un film plat qui aurait pu être soporifique, mais les acteurs, excellents, redressent le tout à un niveau acceptable.