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Maqroll
157 abonnés
1 123 critiques
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5,0
Publiée le 21 janvier 2012
Tout d’abord une évidence, celle que Cronenberg est vraiment un cinéaste à part, capable de traiter d’une manière qui n’appartient qu’à lui un sujet aussi sensible que celui de la psychanalyse… Il s’y prend justement d’une manière si originale qu’il l’aborde par un versant délicat s’il en est, celui de la scission jungienne et de la création de la « psycho-analyse » à partir de 1912, date de la séparation du psychiatre suisse et de Freud, qui était jusque là son mentor. Les rapports des deux personnages sont ici, comme souvent dans l’œuvre de Cronenberg (cf. notamment Faux semblants), « arbitrés » par une femme, en l’occurrence Sabrina Spielrein, qui fut la patiente historique et aussi la maîtresse de Jung, qu’il aida à devenir elle-même psychanalyste. C’est à travers ce jeu d’ombres et de lumières - finement étudié à l’éclairage de ce don qu’a Cronenberg pour percer l’âme humaine et la mettre à nu - que nous suivons les rapports passionnés des uns et des autres. On trouvera dans cette œuvre exemplaire une remise en cause de la monogamie aussi bien qu’un questionnement pertinent sur la théorie du primat sexuel affirmée par Freud. On y trouvera également une allusion subtile à la montée du nazisme avec les rapports sado-maso de l’aryen Jung et de la juive Sabina, finalement exécutée par les Nazis en 1941. On y trouvera encore l’exposition de la différence fondamentale entre Freud, humaniste rigoureux qui repousse les tentations du chamanisme et Jung, psychotique avéré pour qui tout fait sens et dont l’histoire personnelle va se confondre jusqu’à la folie avec celle du monde. On y trouvera enfin le récit de « l’histoire d’amour » équivoque entre Freud et Jung, subtilement rendue, sans effet de manche ni clin d’œil à quoi que ce soit, jusque dans la scène filmée d’une façon étonnante du célèbre évanouissement du père de la psychanalyse au contact de la pulsion de mort ressentie de par la « trahison » de celui qu’il a avait choisi comme continuateur. Au niveau de la technique, au-delà du scénario à la perfection formelle déjà évoqué, saluons la mise en scène de Cronenberg, à la fois toute en sobriété et aux images si puissamment contrastées qu’on a plus d’une fois l’impression d’être devant un film en 3D. Saluons encore et toujours sa direction d’acteurs prodigieuse qui nous fait penser tout naturellement que Freud ne peut pas avoir d’autre interprète que Viggo Mortensen de la même manière que Jung ne saurait avoir un autre visage, une autre allure et un autre ton que ceux de Michael Fassbender. Quant à Keira Knightley, elle est une Sabrina Spielrein hallucinante de vérité, se servant de toutes les ressources de son corps pour exprimer les tourments de l’hystérique en proie avec la culpabilité de son désir. Jamais la psychanalyse n’avait été mieux étudiée au cinéma, dans un de ses replis les plus fondamentaux et les plus passionnants.
La facture classique du film déroutera sans doute les habitués du cinéaste canadien. Hormis la scène d’ouverture, il plane sur l’ensemble un sentiment d’apaisement et de calme, renforcé par l’environnement agréable dans lequel officie Jung. Les effets spectaculaires sont davantage à chercher du côté du scénario et des dialogues, qui constituent de facto la prouesse et l’intérêt majeur du film, dont la dimension historique et prophétique n’est certainement pas à négliger. Les échanges fournis et à haute teneur intellectuelle entre les deux sommités préfigurent à la fois le devenir de la psychiatrie et de la psychanalyse et les soubresauts en gestation de l’Histoire. Réunis par leur discipline, les deux hommes sont pourtant différents par leur niveau de vie, leur confession et leur point de vue sur l’exercice du métier, des divergences qui amèneront à une brouille durable entre eux. Souvent filmée en huis-clos dans le bureau surchargé et enfumé de Freud, tandis que Jung s’empiffre avec application, la représentation des joutes dialectiques et interminables emprunte aussi aux codes du théâtre. En fait, A Dangerous Method s’écoute plus qu’il ne se regarde, et nécessite du coup l’attention particulière du spectateur, sinon une connaissance même rudimentaire du sujet traité, d’autant plus que le film se singularise par la densité – pour une fois, un format plus long n’aurait pas été contre-indiqué – et par l’ellipse. Ainsi le voyage en Amérique qu’accomplissent ensemble Jung et Freud se résume à l’embarquement et à l’arrivée à New York, sans que le motif du projet et son éventuel aboutissement soient évoqués. La scène ne semblant exister que pour attester de l’écart social entre les médecins. Le film est donc singulier, atypique dans l’œuvre de l’auteur de Faux-semblants. Paradoxalement, il est aussi moins aimable et directement efficace que le dernier opus, le sanglant Les Promesses de l’ombre. Redisons-le : le plaisir est d’abord ici d’essence intellectuelle, niché dans les discussions érudites et visionnaires des deux hommes dont l’un encore jeune (Jung) finit par souffrir des mêmes tourments amoureux et existentiels que ceux de ses patients.
Les débuts de la psychanalyse à une époque où la science et le concret triomphent sur les problématiques plus abstraites. Cronenberg choisit particulièrement le moment où les idées de Freud sont mises à mal par l'esprit moderniste dont se réclame son disciple. Un conflit annonciateur de la dichotomie du siècle qui ne fait que commencer: l'objectivité, la manipulation, l'orgueil, les perversions sous-jacentes. Une passionnante réflexion sur une discipline banalisée, vulgarisée et souvent détournée. Une façon de remettre les pendules à l'heure sur les névroses et la façon de les aborder. Ce qui anime les deux personnages masculins, c'est d'un côté l'étude clinique et curative; de l'autre s'y ajoutent les notions d'orgueil et de pouvoir. Un petit bémol toutefois: Keira Knightley joue très bien les hystériques. Peut-être même un peu trop...
Décidément, Cronemberg est imprévisible, dangerous method est un film où la violence est morale. Ne vous attendez pas à une avalanche d'action, ici tout est question d'analyse d'esprit. Un voyage dans les débuts de la psychanalyse aux côtés de personnages perturbés.
Coluche disait : « Si j’ai bien tout compris, parce que j’ai tout lu Freud, que l’homme aurait deux problèmes : que l’un serait le cul, que l’autre serait le fric. » Un peu le sujet du film, ma foi… Dans « A dangerous method », David Cronenberg, abandonne un instant son étude de la place de la violence physique dans la société (« A history of violence » et « Les promesse de l’ombre ») pour s’intéresser à la conversation entre deux grands penseurs de la psychanalyse, Sigmund Freud et Carl Jung : leur amitié progressivement entachée de légers désaccords qui finiront en brouille définitive. Au delà d’une simple discussion sur la psychanalyse, l’histoire tend plutôt à explorer la façon dont se créent les doctrines et les controverses d’une discipline qui cherche à comprendre et soigner l’esprit humain. Cronenberg nous montre que les méthodes de ces thérapeutes, et leurs convictions, procèdent à la fois de l’intuition scientifique et de l’expérience personnelle. Dans le cas de Freud, on voit comment sa propre frustration sexuelle a pu influencer son interprétation systématiquement sexuelle des pathologies psychiques. On se demande également si sa jalousie à l’égard de Jung, beaucoup plus riche que lui, n’a pas eu une influence sur leur brouille. « A dangerous method » raconte enfin la rencontre entre Jung et l’une de ses patientes, Sabrina Spielrein, dans une réécriture du mythe de Pygmalion à la sauce gentiment sado-maso. Très bien interprété (par Michael Fassbender, Viggo Mortensen et Keira Knightley), le film offre une belle reconstitution du début du XXème siècle. Et si la mise en scène reste assez conventionnelle, c’est pour mieux laisser s’épanouir des dialogues érudits dont on retire un vrai plaisir intellectuel. Et quoi de mieux qu’un film sur la psychanalyse qui fait confiance à la force du langage ?
Film bien réalisé avec de bons acteurs, avec un assez bon respect historique (les lettres par exemple contiennent des citations exactes). Néanmoins, ce n'est pas un grand film, juste un film sympathique à la justesse notable.
J'enquille les Cronenberg par packs ces temps-ci et décidément je préférais les anciens, viscéraux et personnels, plus longs en bouche. Depuis le virage amorcé avec A history of Violence, il a certes gagné en maîtrise technique, mais ça me gêne un peu qu'un iconoclaste comme lui devienne un classique, pour pas dire un académique. Je préférais la chenille au papillon. Parlons un peu de Dangerous Method : la prestation de Keira K. m'a enquiquiné, la folie n'a pas besoin d'être surjouée, elle a plus d'impact quand elle est sobre, quand elle n'est pas si loin de la frontière de la lucidité. En revanche, j'ai aprécié les joutes verbales plutôt acérées entre les personnages et le traitement de la pensée de Freud : ni trop vulgarisée, ni trop scientifique.
Le film est l’adaptation de la pièce éponyme de Christopher HAMPTON (qui a écrit le scénario), adapté elle-même du livre éponyme « A most dangerous method » (1993) de John KERR (1950-2016). Il s’agit d’un film atypique dans la filmographie du réalisateur, où il n’est pas question de fantastique et de corps mutilés puisqu’il traite, de façon académique (entre 1904 et 1913, à Zurich, Vienne et New York), de la relation entre 2 psychiatres, le Suisse Carl Gustav Jung (1875-1961) et l’Autrichien Sigmund Freud (1856-1939), de 19 ans son ainé et fondateur de la psychanalyse, à partir de 1906 et jusqu’à leur rupture en 1914, Jung trouvant que Freud accorde trop d’importance à la sexualité. C’est aussi une histoire d’amour entre Jung, tiraillé entre le respect de la déontologie, sa femme Emma (qui lui donné 5 enfants) et sa patiente russe, Sabina Spielrein (1885-1942) qui devient sa maitresse et aussi patiente de Freud en 1912 et plus tard psychanalyste elle-même. Le film repose surtout sur la brillante interprétation des acteurs, d’abord celle de la Britannique Keira KNIGHTLEY (26 ans) qui a dû incarner l’humiliation, l’hystérie et le masochisme de Sabina Spielrein, du Germano-Irlandais Michael FASSBENDER (34 ans), Carl Gustav Jung et le Danois Viggo MORTENSEN (53 ans), Sigmund Freud. Sans oublier la brève apparition de Vincent CASSEL (45 ans) dans le rôle du médecin psychiatre et anarchiste Otto Gross (1877-1920).
Une fantastique interprétation qui se perd dans des discours philosophique et analytique autour de la psychologie humaine : je ne dois pas être assez intellect pour accrocher plus d'une demi heure... Donc quel ennui !!
Sur le sujet passionnant de la psychanalyse, Cronenberg ne tient malheureusement pas la distance et ne parvient pas à sublimer le potentiel de sa thématique. Pourtant, le démarrage était plus qu'intéressant, avec un univers froid et glauque (opposé à la beauté extérieure du lieu) et des méthodes de soins particulièrement rudes. Hélas, par la suite, le réalisateur enchaîne les événements en adoptant une narration temporelle très classique et en multipliant les dialogues à huit-clos. Certes, l'ensemble est plutôt bien écrit, il y a de bons échanges entre Freud et Jung sur la nature du métier, le sexe et l'analyse des rêves, et j'ai apprécié les passages sur la violence sexuelle, mais c'est beaucoup trop long et donc ennuyeux sur la durée, Otto Gross n'est pas le personnage le plus utile, l'histoire d'amour entre patiente et docteur ne m'a pas captivé et l'aspect historique est juste survolé puisqu'il faut se contenter de quelques petites répliques de Freud pour parler de la réaction des autres docteurs aux travaux novateurs du duo. Au niveau du casting, on tient là la force principale du film, Michael Fassbender et Viggo Mortensen sortant des prestations XXL alors que Vincent Cassel est convaincant et que Keira Knightley m'a autant bluffé en malade que légèrement déçu en docteure. Au final, "A Dangerous Method" ne laisse pas un souvenir impérissable après le visionnage malgré des acteurs de grand talent, le propos général intelligent et l'univers fascinant étant noyés dans une narration simpliste et ennuyeuse et un scénario insuffisamment approfondi.
Je n'ai vraiment pas accroché. Si coté acteurs il n'y a rien à redire, surtout Keira Knightley qui est vraiment impressionnante, le reste du film n'est que blabla et lenteur. Je n'ai ressenti aucune passion dans ce film, c'est très froid, on ne ressent absolument rien. De plus A Dangerous Method n'est pas évident à suivre, il y a trop de situations qui arrivent comme un cheveu sur la soupe, qui n'apportent absolument rien au film à part nous faire perdre le fil de l’histoire. Franchement déçu, je n'ai pas trouvé ça terrible ...
Un drame sentimental avec comme trame de fond les prémices de la psychanalyse et l’étude des deux personnalités phares de l’époque dans ce domaine, Freud et Jung dont l’évocation de leur affrontement intellectuel m’a laissé un peu sur ma faim car j’aurais personnellement aimé que l’auteur aille plus loin. Le reproche que l’on peut faire à ce film c’est qu’il n’est ni une véritable romance, ni une étude sérieuse des débuts de la psychanalyse. Mais cette histoire d’amour impossible et frustré reste cependant assez prenante malgré son aspect un peu trop « cérébral » par moment. A noter un très bon casting et une superbe interprétation de Keira Knightley.
Les scènes d’hystérie surjouées par Keira Knightley du début du film laissent la place rapidement à un flot de bavardages inintéressants. La confrontation entre Sigmund Freud et Carl Jung est d’une platitude rare. David Cronenberg rate son sujet, à aucun moment sulfureux car même les scènes de fessée sont bien sages, quel ennui….
Bien que David Cronenberg soit le cinéaste des corps mutilés,son oeuvre entière est parcourue d'esprits malades et de relations tordues,ainsi que des références psychanalytiques.On y vient.Il était donc tout à fait logique de le retrouver aux commandes de "A dangerous method",récit de la rencontre entre Sigmund Freud,le père de la psychanalyse,et Carl Jung,son disciple affranchi,sur fond de rivalité amoureuse à propos d'une patiente hystérique,Sabina Spielrein.Malheureusement,on se rend vite compte que derrière le classicisme forcené de la mise en scène,il n'y a pas grand chose de savoureux à apprendre.Freud et Jung se sont brouillés pour un désaccord sur l'interprétation du sexe,Jung a couché et fouetté sa patiente et tout cela est retranscrit de façon réductrice,juste parsemé de quelques métaphores visuelles(le long cigare de Freud).Le survol d'un tel sujet est un suicide artistique.Seuls quelques dialogues bien envoyés nous sortent de notre torpeur.Cronenberg n'a pas réussi à passionner pour ce sujet si peu cinématographique.Et même ses cadrages serrés témoignent d'un manque d'inspiration.Côté interprétation,Michael Fassbender et Viggo Mortensen s'en sortent comme toujours avec les honneurs,mais Vincent Cassel est fantômatique et Keira Knightley en surjeu répugnant.
Cronenberg ayant toujours aimé travaillé sur la folie de ses personnages, le voir réaliser un film sur le travail de Freud et Jung ne m’a pas surpris. Malheureusement son scénariste lui a fait un drame romantique comme il l’avait déjà, bien mieux, fait dans LES LIAISONS DANGEREUSES. Le réalisateur s’en sort tout de même en dirigeant deux plus grands acteurs actuels, Viggo Mortensen et Michael Fassbender, tous deux aussi sobres que méconnaissables dans leurs rôles des deux fondateurs de la psychanalyse. Face à eux, Keira Knightley est toujours aussi ravissante mais ne semble pas douée pour jouer les folles. Bref, un film à la mise en scène académique où il ne se passe pas grand chose à par de longs dialogues entre de bons acteurs et une interrogation intéressante mais pas assez poussée sur les pulsions. Ca intéressera surtout les spécialistes psychanalystes.