Jamais semblables, les films de Sion Sono sont toujours aussi fascinants. 'Hazard' n'y échappe pas. Pourtant, il est très différent des films habituels du réalisateur. Plus drôle, moins dérangeant, moins violent (pas ou très peu de violence crue et pas de scène de sexe). Ces deux derniers qualificatifs sont les maîtres mots de Sion habituellement, qui lui permettent de subjuguer son spectateur et d'attirer l'attention sur ses oeuvres, car en prenant du recul, elles sont de vrais sujets de réflexion. 'Hazard', lui, est un film plus fou, qui semble moins réfléchi à première vue mais qui l'est sûrement plus en réalité que ses autres films. 'Hazard' est un cri féroce contre la misère, les inégalités sociales aux Etats-Unis. Shin, le jeune adulte qui ne supporte plus de vivre dans son Japon natal, "léthargique et ennuyeux" - comme le dit la voix off de jeune fille, narrant son histoire à la manière d'un poème lyrique - va faire la douloureuse expérience de cette misère rampante, destructrice qui répand la criminalité. La forme aussi est différente. La réalisation d'habitude très soignée, très colorée laisse place à une réalisation plus expérimentale, caméra à l'épaule, agressive, à l'image du film. Mais cela n'enlève rien en la beauté de 'Hazard'. Car les personnages de Sono Sion sont toujours aussi captivants, les dialogues aussi croustillants, le scénario aussi habile et imaginatif, et la touche de folie et de surprise aussi présente que d'habitude.