L’autoroute de l’enfer est un très sympathique petit film dans le genre comédie fantastique (plus que vraiment horrifique quand même), tombé dans l’oubli et pas exempt de défauts, mais très fun à visionner. Ok, Chad Lowe n’est pas vraiment marquant. Il manque de jeu, il est un peu fade, il est investi, je dis pas, il transpire sur le plateau, ça se voit, mais il ne semble pas complètement à l’aise dans ce film, pas tout à fait embarqué dans le grand 8 qu’il représente et dans sa fantaisie décalée. Après il est jeune, il colle plutôt bien au personnage, il n’est pas vraiment mauvais, mais il lui manque du punch, une aisance que sa collègue, Kristy Swanson dégage davantage. Charmante par ailleurs, elle s’amuse beaucoup plus avec l’ambiance, l’univers, notamment à l’occasion d’une scène assez cocasse ! Bergin est plutôt convaincant dans un rôle faussement mystérieux et le jeune Jarrett Lennon arrive à ne pas être l’insupportable gamin de service ! Ouf ! A noter que pas mal de seconds rôles prennent le pas sur les rôles principaux grâce à leur excentricité, leur look improbable (mention spéciale à la succube et à la tenancière du bar !) qui amènent beaucoup de fun à l’ensemble.
Le scénario est assez foutraque et plus ou moins improbable ! De surcroît le film introduit plein de trucs qui ne sont finalement quasiment pas exploités (le personnage de Clara). C’est un joyeux bordel pour ainsi dire ! Mais le résultat s’avère divertissant. Le film est très bien rythmé, il y a beaucoup de surprises, de l’humour, un sens de la loufoquerie et de l’absurde bien amené, un esprit clairement « Evil Dead » mais les trois premiers. On a cette ambiance déjantée, avec, à mon sens, plus l’esprit du 3e épisode. Donc oui, si vous cherchez de la cohérence, faudra repasser, mais pour ma part j’ai trouvé l’ensemble imaginatif et sans temps mort, c’est fun et drôle, je peux passer sur une écriture bordélique par moment.
Formellement, et c’est là qu’on évolue pas dans un Evil Dead, la mise en scène est timorée. Le réalisateur n’arrive pas vraiment à donner d’ampleur à sa réalisation, les scènes d’action restent à un stade assez timide, il y a un manque d’audace certain dans les plans et les cadrages. Heureusement, le film peut s’appuyer sur des décors vraiment convaincants, de beaux maquillages (la succube est superbe et fait carrément illusion aujourd’hui), une grande imagination dans les décors et les accessoires. Le côté comique du film parvient à faire passer certaines maladresses, notamment un Cerbère en animation image par image un peu léger, surtout comparé au travail d’Harryhausen dans le domaine, mais la séquence qui l’introduit est tournée très intelligemment à l’humour et le gag fait oublier les fx moyens. A noter que si le film n’est pas vraiment violent, il y a quelques pointes d’humour noir un peu glauque (la broyeuse est l’une des scènes les plus marquantes du film) avec une violence qui pourra quand même déranger le jeune public. La bande son, plutôt convaincante (sauf le générique, assez assourdissant), aurait toutefois pu lorgner plus vers du rock ou du hard rock plus dans l’esprit du film.
Ma conclusion est que L’Autoroute de l’enfer est un petit film très divertissant en dépit de ses défauts. Il remplit parfaitement le cahier des charges de la comédie fantastique lorgnant vers l’horreur et l’on passe un très bon moment. Dommage quand même qu’il y a des aspects négatifs certains qui l’ont sans doute empêché, d’ailleurs, de marquer les esprits à une époque où pourtant ont aimé bien mélanger horreur et comédie avec le succès que l’on connait (Gremlins, Evil Dead…). 3.5