Exercice difficile que de passer après le cultissime Un justicier dans la ville (1974) de Michael Winner et campé par l’impassible Charles Bronson (figure mythique du justicier). C’est Eli Roth qui se charge de réaliser ce remake près de 45ans après.
Le film se démarque sur bien des points par rapport à son modèle, oubliez la moustache emblématique du héros, faite place à la boule à zéro de Bruce Willis et l’intrigue ne se déroule plus à New York mais à Chicago. Celui qui n’était qu’un objecteur de conscience pendant la guerre de Corée avant de devenir architecte a cette fois-ci enfilé la blouse blanche pour devenir médecin urgentiste. Exit aussi la violence frontale et la scène de viol du film d’origine, cette version s’avère cependant plus sanguinolente. Ajouter à cela, que le héros s’avère plus réaliste, en effet, il semble faire preuve de sentiments et d’émotions (ce qui nous change radicalement d’un Charles Bronson inexpressif au possible). Enfin, le film est encré dans la réalité de notre époque, entre les séances chez le psy auquel se rend notre héros et les vidéos virales sur internet où on le retrouve lors de ses virées nocturnes punitives.
D’ailleurs, est-ce le fruit du hasard, toujours est-il qu’il est amusant de constater que dans les 2 films, la première fois que le héros utilisera son arme sur un assaillant interviendra à chaque fois à la 42ème minute. Question violence, le réalisateur ne s’en cache pas, il la banalise et dévoile la facilité déconcertante pour obtenir un port d’arme (et pour s’en servir, notamment en ayant recourt à un tuto trouvé sur internet). Nul doute que la NRA (le lobby des armes à feu) n’a pas dû renier ce film et n’a fait que renforcer la légitimité du 2ème amendement de la Constitution des États-Unis (qui garantit à tout citoyen américain le droit de détenir des armes). Le fait que le film ait été réalisé dans l’Amérique de Trump n’y est sans doute pas pour rien.
En termes de mise en scène, on appréciera l’utilisation du split-screen utilisé à bon escient, notamment avec les animateurs radio de tous bords (entre ceux qui défendent le "croque-mort" et ceux qui n’approuvent pas qu’il fasse justice lui-même) ou lorsque le héros manipule ses outils de chirurgien qui contrebalance avec un tutoriel pour l’entretien d’une arme à feu. Ajouter à cela, quelques images gores dont raffole le réalisateur du torture-porn Hostel (2005),
notamment le passage chez le garagiste et son fameux nerf sciatique
, n’hésitant jamais à alterner humour noir et séquences gores.
Au final, ce remake s’avère bien moins réactionnaire et brute de décoffrage, plus aseptisé et lisse que ne l’était l’orignal. Cela n’empêche pas le film de faire son job, d’être pleinement divertissant, un vigilante-movie rentre-dedans, plaisant et jusqu'au-boutiste. Et c’est assez plaisant d’y retrouver (enfin) Bruce Willis sur grand écran, après avoir enchaîné les DTV pendant près de 4ans, on ne boude pas notre plaisir.
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