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soniadidierkmurgia
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3,0
Publiée le 6 décembre 2019
Michel Boisrond n'était pas un cinéaste intellectuel comme le prouve sa filmographie (23 films) essentiellement consacrée au divertissement que d'aucun jugeront sans nuances pour ne pas dire de mauvais goût. Quand il entame son avant dernier tournage en 1974, il vient de réaliser deux films avec Jean-Pierre Marielle qui n'a pas encore rencontré Joël Séria ("Les galettes de Pont-Aven" en 1975) qui va lui apporter la célébrité mais son personnage de mâle hâbleur à l'ironie parfois mélancolique est déjà bien affirmé comme va le prouver "Dismoi que tu m'aimes", joyeuse satire sans prétention du machisme ambiant de ces années de libération sexuelle. Lui et Daniel Ceccaldi, patrons d'une agence de publicité profitent largement de leur emploi du temps chargé pour s'octroyer du bon temps, reléguant leurs deux épouses (Marie-José Nat et Mireille Darc) aux tâches ménagères. A tirer trop sur la corde celle-ci finit par craquer et les deux épouses se coalisent pour affirmer leur volonté d'indépendance. C'est le temps du célibat qui s'annonce pour les deux compères. Le scénario largement prévisible est l'occasion pour Boisrond de livrer quelques scènes très hautes en couleur où Marielle, Ceccaldi, Darras et les autres s'ébattent sans retenue. Tout ceci ne serait bien sûr plus possible de nos jours tant le sujet des rapports entre hommes et femmes est devenu d'un maniement de haute précision notamment dans le domaine de la comédie. Pourtant une lecture au second degré de "Dis-moi que tu m'aimes" montre que Boisrond n'est pas dupe de la nécessité d'un rééquilibrage des rapports mais il choisit de l'affirmer par la dérision tout en prenant soin de rappeler à la fin que si les hommes et les femmes sont indissociables dans une égalité à établir, ils doivent malgré tout rester différents.
Avec ce film, Michel Boisrond ranime ou entretient la flamme féministe en nous présentant deux modèles d'époux très typés mais pas forcément caricaturaux, aux prises avec le désir d'émancipation de leurs femmes trop longtemps négligées. Sa comédie de moeurs fait souvent preuve de perspicacité mais Boisrond finit par retomber dans les travers de la comédie sentimentale dont il est un obstiné faiseur en refusant de s'engager dans la psychologie du couple. Il préfère s'amuser de situations légères ou de l'illusoire liberté que les deux quadragénaires Ceccaldi et Mariellespoiler: croient retrouver dans le célibat après que leurs épouses les ont quittés.
Le film, comme le propos, a un peu vieilli, et seule la composition de Marielle, plus egoiste que macho dans un rôle de mâle très habituel pour lui, parvient à faire sourire. On sait, puisque le film est une comédie,spoiler: que la rupture sera salutaire et que les couples se reformeront comme au premier jour. Il est évident que le film manque d'ambition et on regrette surtout d'avoir affaire à des personnages manquant coupablement de nuances et de singularité.