Le très égocentrique Frédéric Beigbeder se fait plaisir en réalisant lui-même son propre roman (partiellement) autobiographique, du même nom, qu'il avait rédigé quinze années plus tôt, où il nous étale son petit microcosme nombriliste, celui de l'élite éditorialiste parisienne avec ses fêtes nocturnes alcoolisées et ses états d'âme existentiels, bref sa superficialité. Beigbeder nous parle également du prix de Flore, qu'il a créé, et de ses amis de Canal , bref on tourne en rond dans son petit univers mondain. Le scénario nous ressert ce qui a été une multitude de fois vu, revu et réchauffé : l'amour, le coup de foudre, la fausse rupture, les retrouvailles. Rien de nouveau donc sur le fond, très ennuyeux, aucune surprise pour susciter notre intérêt. Sur la forme, c'est pénible par la réalisation minimaliste qui ne met pas en valeur les personnages – joués par les seconds couteaux de Canal - et n'inspire pas la moindre sympathie à leur égard. A commencer par l'insupportable Gaspard Proust, ancien banquier slovéno-suisse et pseudo-humoriste très suffisant au faux cynisme de la droite décomplexée, qui s'adresse là directement à nous comme dans ses spectacles et nous impose sa répartie rébarbative habituelle. Vient ensuite Louise Bourgoin, uniquement préoccupée par l'image de son corps. Je ne comprends pas pourquoi Canal s'obstine à imposer au cinéma français ses miss météo... Les autres personnages sont tout simplement ridicules, Nicolas Bedos en cocu concon, Joey Starr qui décidément s'essaie à tous les styles, Frédérique Bel en nymphomane lubrique, et j'en passe. A chaque fois que Beigbeder veut faire de l'humour, ça plante par la médiocrité de l'écriture
(exemple : l'avocat annonçant le divorce)
et on n'échappe même pas au plus mauvais goût
(exemple : la scène de la burqa).
Un film au final aussi vite oublié qu'il est vu.