Frédéric Beigbeder aime le cinéma. Le cinéma ne l’aime pas. Après un terriblement nul 99 Francs réalisé par l’exécrable et prétentieux (qui se ressemble s’assemble) Jan Kounen, l’écrivain s’attelait himself à la réalisation.
Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps, L’Amour Dure Trois Ans est le film le plus détestable du troisième millénaire. Pas totalement dénué de talent (quelques idées de mises en scène, bien qu’abominables comme le personnage principal qui commente face caméra ce qu’il fait, sont à noter) ni d’éclats de rire (deux ou trois répliques font mouche), le film souffre néanmoins du syndrome de l’ego trip aigu. En effet, c’est un film de Beigbeder, par Beigbeder, pour Beigbeder. Sans qu’on ne le voie plus de quelques secondes, sur une bonne apparition, il est partout, insupportable et égocentrique comme d’habitude avec ce scénario qui enchaîne les bons mots (enfin, les prétendus), les situations plus gênantes qu’irrésistibles, les trous d’air pénibles et surtout les clichés sur les bobos parisiens méprisables que la série Bref nous présente deux fois par semaine. A l’image du film, l’interprète principal, le myopathe (ah bon, il ne l’est pas ?) Gaspard Proust est irritant, de par son débit de parole du niveau d’un Doc Gynéco des grands jours et par sa désinvolture qui donnerait de l’urticaire à n’importe qui et qui le consacre comme le pire acteur du moment. En face de lui, on a la nudiste Louise Bourgoin qui, comme d’habitude montre ses seins, possède cet air hautain vomitif et surtout qui n’a absolument aucun talent d’actrice et le prouve encore ici. Rien n’est réaliste, tout est factice, frimeur, publicitaire, mercantile (Canal faisait une pub pour le film assez agressive, on comprend mieux pourquoi après le film) loin de toute considération populaire. Les bobos parisiens de gauche sont un milieu fermé et nous le font savoir. En gros, ils boivent, fument, font la fête, font l’amour, bref, ils sont cools et pas vous. Rassurez-vous, les gars, on va vous laisser entre vous.
Tout n’est pourtant pas à jeter dans cette immondice, bien heureusement et certains éléments poussent le spectateur à rester dans la salle. Pour commencer, les seconds rôles sont très bons, que ce soit JoeyStarr (il est vraiment fantastique en ce moment), Nicolas Bedos ou plus étonnamment Jonathan Lambert. Comme dit auparavant, Frédéric Beigbeder y fait une excellente apparition (comme d’habitude, il devrait s’y tenir, il serait presque sympathique) et surtout le film est tellement détestable qu’il permet de relativiser la nullité des autres films.
Vous l’aurez compris, L’Amour Dure Trois Ans est un film hideux, détestable, honteux, vomitif et terriblement ennuyeux par-dessus tout et surtout un énorme product placement à Canal et leur esprit auquel je n’adhère pas. Entre le copinage abusif dont Beigbeder fait preuve dans son casting, l’élitisme de certaines répliques (celle sur Shakespeare) et les gags gratuits et méchants (les sous-titres de la chanson chinoise), le spectateur ne trouve pas sa place et semble gêner Frédéric 1er dans sa quête d’auto satisfaction. Comme dit Bernard Menez dans le film, "il s’amuse". Et bien pas nous.