Amsterdam, 1882, l’exode rural amène les Tippel, les parents et leurs huit enfants dont deux grandes adolescentes, à s’installer dans la pourriture misérable d’un eldorado urbain et illusoire. Encouragés à l’esclavagisme et à la prostitution, y compris du petit garçon, par les parents eux-mêmes, Katie se distingue par son intelligence, sa sensibilité, sa force, sa beauté et sa froideur. Elle connaitra la bestialité, la violence et la vulgarité crasses des conditions des pauvres. Dans une ambiance très axée sur la salacité masculine, la prostitution, la famine, l’obsession de l’argent et la montée de la révolte ouvrière, son ascension dans l’échelle sociale lui fera découvrir que méchanceté, avarice, humiliation, sadisme et déshumanisation sont aussi le lot des milieux plus riches.
Apparenté à un scenario d’Emile Zola, ce film 1974, issue de la carrière hollandaise de Paul Verhoeven, raconte le parcours authentique et effroyable de Neel Doff, jeune femme qui se hissa du caniveau à la bourgeoisie. Il souffre hélas d’un rythme saccadé d’une scène sur l’autre, trop dépourvu de fluidité pour se permettre d’y entrer à fond, malgré des acteurs convaincants, dont un certain tout jeune Rutger Hauer. Il est avant tout une biographie et une sombre leçon sur la misère humaine, matérielle et surtout comportementale, plus enlaidie encore par l’aisance et le pouvoir. Il n’oublie pas non plus la beauté plus rare de l’homme, quelle que soit sa condition sociale.