Dans la famille Makhmalbaf (dont la fille Samira est indéniablement la plus talentueuse), Hana tente de creuser dans le métier qui a fait la réputation de la famille, du père à la fille. Ici, la réalisatrice tente d'observer la violence de son pays et le désastre des Talibans et des américains via de jeunes personnages. Si l'idée est bonne, et que certaines scènes arrivent à faire naître une tension particulière, le film se fait vite prendre au piège du discours enfantin. Car le monde des enfants - hormis leurs rêves, on y trouve l'incompréhension face aux adultes, le manque de communication et la dureté de vie dans un paysage fauché par la peur - invite forcément à une tendance symboliste. Et Makhmalbaf en abuse, justement, jouant de plus en plus progressivement sur l'altercation manichéenne entre l'héroïne - représentant à elle seule le peuple blotti dans la peur - , et les enfants inconscients - symbolisant, eux, les ennemis, Talibans ou américains, mais plus profondément une grande partie du peuple manipulé par les extrémistes qui s'incarnent ici, ainsi que les manipulateurs du peuple pour les forcer à vivre dans la peur - . Son film est constamment sous l'emprise de l'allégorie, ce qui, peu à peu, tend à l'alourdir. Jouant trop sur la perception des enfants et oubliant de montrer le côté des adultes, "Le cahier" gagne en innocence ce qu'il perd en objectivité. Le ton souvent naïf de l'ensemble handicape alors le sujet, grave et qui pourtant dénote un aspect nécessaire du conflit entre l'Orient et l'Occident - le parcours d'une fillette pour aller à l'école, et prise au piège par des enfants jouant à la guerre - . On ne pourra pas reprocher à la fille du grand Moshen Makhmalbaf un manque de sincérité, ni une envie de faire du cinéma. Car tout cela est bien là, mais malheureusement nappé sous un dialogue finalement pauvre et sans grande portée. L'interêt du film nous échappe alors, puis l'ennui s'installe ; on contemple cette fillette courageuse avec une once de