L'art d'entretenir l'illusion est l'une des techniques les plus difficiles au cinéma. Surtout quand le principe rejoint le coeur d'un sujet épineux regroupant des thèmes aussi délicats que la maladie mentale, l'adolescence et le suicide. L'idée pour le moins ingénieuse de Nic Balthazar était de représenter cette jeunesse en un mélange de scènes réelles et de jeux vidéos, en incrustant des éléments en pixel dans l'univers de Ben, atteint d'une maladie rare proche de l'autisme, et vécu par l'excellent mais trop vieux Greg Timmermans. S'en suit forcément les fameuses scènes d'humiliation à l'école, la fille amoureuse... mais l'originalité du film est, il ne faut pas oublier, l'illusion : illusion d'un monde irréel qui se fait l'application d'un héroïsme caché dans la réalité, mais aussi illusion de ce qui se passe vraiment ; à jouer avec le vrai et le faux, le cinéaste parvient à nous retourner dans une fin complexe et extrêmement émouvante, fascinante dans la manière dont elle refuse la pudeur de la bonne conscience, une fin amorale et profonde, qui fait de son sujet de départ un matériau traité jusqu'au bout. Ce qui est dommage, c'est que le principe du jeu vidéo, reflet de la réalité et exutoire à la méchanceté et à la morosité, monde universel où patiente l'âme soeur, ne tient pas plus qu'à la moitié du film. Pourtant, contre toute attente, les ajouts et les rapprochements trouvés avec la réalité de Ben sont crédibles, et renvoient facilement à l'imaginaire du personnage, et à sa difficulté d'adaptation dans un monde qui ne le comprend pas, et qu'il ne comprend finalement pas non plus. En pointant du doigt le manque d'altruisme, l'idiotie des réactions humaines et l'incapacité de l'homme à accepter une vie étrangère à la majorité, ainsi que la destruction totale de l'adolescence par la drogue, les jeux vidéos justement (qui ici ont un double rôle, puisque d'un côté ils détruisent, et de l'autre il permettent de survivre), et la chute culturelle, le réalisateur livr