Après une décennie d’exil en France, le cinéaste militant Robert Kramer est de retour aux États-Unis où il dresse un état des lieux de son pays en allant à la rencontre des américains. Pour cela, il parcourt la “U.S. Route 1”, l’un des axes les plus importants du pays (elle s’étend sur près de 4000 km), reliant le nord au sud, de la frontière canadienne jusqu’en Floride (cette route fut la plus fréquentée au monde jusqu’en 1936, avant l’expansion des autoroutes).
Pour son road-movie sociétal, il décide d’y incorporer un personnage fictif, à savoir “Doc” (incarné par Paul McIsaac), qu’il avait déjà mis en scène à travers son film Doc's Kingdom (1987). A la manière de Frederick Wiseman, le réalisateur nous entraîne dans son sillage, où pendant un peu plus de 4h, il s’invite dans différents microcosmes et dresse le portrait de l’Amérique d’aujourd’hui, celles et ceux qui la compose (des amérindiens, des patriotes, des protestants d'extrême droite, des militants anti-avortement, la communauté afro-américaine, une famille militant contre l'apartheid, une unité d'infanterie, des fervents catholiques, des exilés salvadoriens, une jeune délinquante, un conseiller municipal noir, …).
On y découvre une Amérique comme rarement on aura eu l’occasion de la voir, bien loin de l’image que l’on peut s’en faire. Robert Kramer surprenant et n’est jamais là où on l’attend, après Diesel (1985), un nanar français post-apo avec Niels Arestrup, le voilà en pleine introspection de son pays natal, par le biais d’un personnage fictif qui lui sert d’observateur et qui questionne le monde qui l’entoure, un pays fracturé devant jongler entre l’après Vietnam et la montée du conservatisme.
● http://bit.ly/CinephileNostalGeek ● http://twitter.com/B_Renger ●