Liberté et fantaisie ! Une leçon d’un maître : Alain Resnais. Les Herbes Folles fait parti de ces films qui se regardent pour la beauté du cinéma comme d’autres films des Frères Coen (on pense au récent A Serious Man) ou du thaïlandais Weerasethakul (Tropical Malady). Entouré d’un casting fidèle et très bon (André Dussolier au sommet de son art, Sabine Azéma mais aussi Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric), la réalisation est parfaite, précise et incroyablement maîtrisée. Quelques originalités émaillent de ci et de là et rajoutent encore à l’incroyable performance visuelle de Resnais.
Un narrateur hésitant (Edouard Baer), ne sachant pas trop comment raconter l’histoire, bafouillant à chaque phrase, un amour imaginaire, un homme aux idées noires (aurait-il un passé judiciaire ?), une femme dentiste qui n’hésite pas à exprimer sa frustration sur ses patients, une collègue traîtresse, des dialogues absurdes, une histoire irréelle : voilà ce qu’est Les Herbes Folles, un jeu de rôle permanent où les désirs des protagonistes s’inversent inlassablement.
L’amour imaginaire prend fin lors d’un vol dans un avion de la Seconde Guerre Mondiale (passion commune de Marguerite et de Georges). Et puis tout s’accélère, Marguerite, Georges et occasionnellement la femme de Georges qui, pour la première fois du film, ne semble plus contrôler son mari s’envoient en l’air, au sens propre du terme, puis un cimetière, puis des criques, et enfin une dernière scène absurde dans la chambre d’une petite fille. Une ultime histoire sans queue ni tête : une histoire de chats et de croquettes. Et voilà, 90mn sont passées. Trop court ? Sans doute !
PS : Attention tout de même, ce film ne pourra plaire à tout le monde. Amateur d’histoire claire et compréhensible, à la recherche d’un scénario dense et cohérent, s’abstenir !