Il n'y a que Resnais pour faire un film comme ça. Pourtant, si on ne m'avais pas dit que c'était un Resnais, je ne suis pas sur que j'aurais pu le deviner. En convoquant sa « famille » habituelle, avec des p'tits nouveaux, il nous offre un vrai moment de bonheur. André Dussollier et Sabine Azéma (très désagréable, la coiffure...) ont l'air de s'éclater vraiment beaucoup, certains seconds rôles sont très bons (Consigny, Amalric et Vuillermoz surtout...), quand certains ne valent pas grand chose (Emmanuelle Devos). La technique est parfaite, les couleurs se fondent dans un univers complètement farfelu et qui n'est absolument pas commun. Le rouge et le vert prennent le pas sur les autres couleurs, avec quelques teintes de bleu et de jaune par-ci, par-là. Autant dire qu'il y a vraiment une maîtrise de côté là. Le scénario se tient jusqu'à 10 minutes avant la fin, avec la jouissive voix un peu espiègle de Edouard Baer qui nous conte non pas l'histoire, mais un certain ressenti des personnages. Cette voix est la plus originale des idées du film. Côté technique, on pourra tout de même noter des effets risibles en avion... Mais bon, c'est Resnais, donc tout le monde lui pardonne tout. Comme à un débutant. Et oui! Car moi ce qui m'énerve un peu autour de ce film, c'est cela: Je suis absolument certain que si le film avait été réalisé par un jeune réalisateur, il aurait été critiqué férocement. Resnais, qui nous convie dans un milieu bobo donne un film qui vole au-dessus du public, si bien que celui-ci se sent parfois complètement lâché, dans les dix dernières minutes, sans sens. Je suis d'accord que ceux qui veulent tout comprendre ne sont pas d'une intelligence folle, mais en revanche je préfère au moins comprendre le but de l'histoire, à ne rien comprendre. Les herbes folles est bien trop aérien pour moi, et la dernière phrase du film m'a fait rire, ça... Mais rire parce que je me sentais bête, je ne voyais pas pourquoi maintenant, pourquoi cette phrase...