Vie d'un village protestant sous la forte influence du dogme, "Le Ruban blanc" est l'un des films les plus aboutis de son auteur, Michael Haneke, mettant en scène le destin d'enfants et d'adultes confrontés à une série d'accidents criminels. Le film aurait pu se réduire à une vraie enquête mais Haneke préfère reléguer cette intrigue au second plan pour approfondir les portraits des habitants du village, leurs attitudes face aux dogme protestant, qu'ils suivent aveuglement. Car le véritable sujet du film conçerne jusqu'à ou l'être humain peut suivre des lois à la fois infondées et extrêmes. Ainsi, l'usage du noir et blanc et ces nombreux plans fixes, chaque fois remplis de détails, donne au "Ruban blanc" une atmosphère inquiétante, presque malsaine, portée par une voix-off calme et reposante, comme pour faire l'amalgamme entre la sérénité du personnage et la gravité des actes se produisant dans le village. De même, l'oeuvre est synonyme de cruauté, cruauté présentée au premier plan afin de critiquer, de pointer du doigt la malveillance comme lors de cette scène à la fois merveilleuse sur le plan technique et terrible ou Haneke se contente de filmer en simple plan fixe une porte derrière laquelle l'enfant du pasteur reçoit des coups pour avoir commis une faute, le jeune garçon hurlant à l'agonie. Ces hurlements sont le miroir d'une rage, en l'occurence celle du réalisateur, contre toutes ces "bondieuseries", faire le mal au nom de Dieu, afin de sois disant "bien éduquer" ces chères têtes blondes. Mais éduquer violemment, c'est créer sois-même des personnes violentes, comme pour cette scène ou la fille du pasteur, pour se venger des humiliations que son père lui fait subir, tue sans pitié l'oiseau de ce dernier, enfonçant dans le corps du volatile une paire de ciseaux de manière à ce que la croix du Christ sois représentée, message horrifique envers les principes de l'homme de foi.
"Le Ruban blanc" est un film fort, un véritable coup de poing envers une société qui a subsisté encore après la seconde guerre mondiale, ces enfants pervertis par les règles qu'on leur impose, et qui plus tard vivront l'enfer comme la Première guerre mondiale et la montée en puissance du nazisme, les thèmes abordés étant comme une prémice de la barbarerie qui allait suivre. L'Homme crée sois même le mal...