La voici, la Palme d'or du festival de Cannes 2009. Si "Le ruban blanc" n'est peut-être pas le meilleur film de la sélection, ni, à coup sûr, celui le plus à même de provoquer passion, émotions et sensation de l'inédit chez son spectateur (à ce titre, on lui préfèrera, et de loin, un "Fish tank" ou un Jacques Audiard, voire même un "Inglourious basterds"), force est de reconnaître que ce vieux diable de Haneke a encore réussi son coup : glacer les sangs, distiller le malaise, scruter les entrailles du Mal, pointer du doigt notre responsabilité collective dans le règne des ténèbres. Là où "Le ruban blanc" est mieux placé pour emporter l'adhésion qu'un "Funny Games" par exemple, c'est justement par son académisme – si on n'est pas autant surpris, pas autant immédiatement bousculé devant cette mise en scène bien moins radicale qu'à l'ordinaire, l'abandon des effets de manche permet une subtilité accrue : le malaise travaille en souterrain, sur la longueur (le film dure 2h20, ce n'est pas un cadeau que nous fait le réalisateur autrichien). Difficile de parler du "Ruban blanc" en faisant abstraction de son "message", sur-souligné par Haneke lui-même et hurlé par le tapage médiatique fait autour du film (presse, intellectuels et consorts), celui d'une métaphore du fascisme en Europe au XXe siècle. Le film serait donc la dissection de la montée de tout totalitarisme, savamment cultivé dans la pourriture de toutes les institutions rigoristes du monde : absolutisme religieux, règles et éducation liberticides, moralisme castrateur, repli de la communauté sur soi et haine de l'Autre. L'intrigue, entièrement originale, se déroulant dans un village de l'Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre Mondiale, est prompt au rapprochement. Mais si on essaye de s'extraire de cette étiquette de film à thèse, barbouillée sur "le Ruban blanc" comme un parcours fléché, que voit-on?...
(la suite de la critique sur mon blog : http://mon-humble-avis.blogs.allocine.fr/)