Dès les premières images, le ton est donné. Ce ton là, c'est la nuance. La nuance des lumières, un noir et blanc superbe qui se font parfois en des gris infinis, enlevant ainsi la possibilité de considérer ce choix esthétique comme manichéen. LE RUBAN BLANC, c'est une juxtaposition de plans, savamment élaborée, dont le sens varie selon le spectateur, selon la sensibilité. Alors, si on ne comprend pas, qu'importe. Aucune scène n'est en trop, aucune scène ne manque. Non, tout est à sa place, car chaque détail, chaque esquisse de personnage, chaque élément se justifie par un plan. La beauté des plans est tellement vertigineuse, que l'on finit par se dire que la réalisation même du film se justifie par cela.
L'intrigue. D'une sobriété éclatante ! Sa mise en image est désarçonnante, tant elle est juste, et, le regard ambigu de Haneke sur cette histoire est servi par des acteurs d'une conviction épatante. Aucune musique ; la musique, ce sont les plans, qui atteignent un tel degré de perfection qu'ils finissent par confondre nos sens.
Le contexte historique est exploité avec subtilité ; l'intrigue passe avant tout, mais les injustices de la société quasi-féodale de ce petit village allemand ne sont pas mises de côté pour autant. Néanmoins, dire qu'il s'agit des débuts du nazisme, ce serait un peu simplifier la chose. A chacun son interprétation, après tout, la fin est ouverte.
Mon éloge s'achève ici ; car s'il n'y a pas d'inconvénient à ce que l'intrigue ne se dénoue pas entièrement, il est un peu décevant que celle-ci ne se noue tout à fait. Peut-être est-ce parce qu'elle est loin d'être blanche ?