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Eowyn Cwper
124 abonnés
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3,0
Publiée le 15 février 2021
Revenu en Autriche après avoir rempli les années 1990 de ses expériences cinématographiques, Haneke est resté un vrai cinéaste mais il est devenu un faux puriste : que l'on ne se laisse pas prendre à sa photographie sobre et à ses mises en scène à l'ancienne, car Le Ruban blanc est passé à travers une énorme moulinette d'effets spéciaux pour produire le résultat escompté. D'aucuns y verront l'influence de sa période américaine, mais l'amateur de médias pose en réalité une question essentielle : la manipulation de la forme au service du purisme du fond est-elle hypocrite ?
Cannes a tranché : c'est une Palme d'Or. Cependant le film est en réalité insituable et on le visionne sans avoir jamais à questionner sa forme : années 2010, 2000, 1990 ? Si j'avais eu à deviner sa date de sortie, j'aurais facilement pu me ridiculiser. Ses visages dignes de vieilles photos, son noir et blanc, son attachement direct à la terre, au jour et à la nuit, et enfin au pragmatisme plus ou moins grand de ces villageois qui tentent tant bien que mal d'entretenir la sagesse de leur communauté, tout y est intemporel.
Non seulement on croirait s'être téléporté dans l'époque dont il parle (les années 1910), mais c'est aussi comme si l'on nous avait retiré tout savoir sur ce qui survint alors dans le monde germanophone : on évolue avec un malaise difficile à préciser jusqu'à se rendre compte que c'est la guerre qui gronde au loin, et que cette génération d'enfants qu'on voit grandir mal, comme sous l'influence d'une force obscure et mauvaise, sera celle qui, deux décennies plus tard, participera à figer l'Allemagne (et un peu l'Autriche avec) dans une image tenace de nation pleine de ressentiment et de colère.
Le Ruban blanc, avant d'être une œuvre hypertravaillée et une réflexion sur le "cinéma vrai", est un rappel que l'enfance, quoique symbole de l'innocence, peut aussi être le berceau des pires travers humains. Si Haneke a changé sur la forme, il reste bien lui-même sur le fond, car il garde les mains propres lorsqu'il touche à ce qu'il y a en l'Homme de plus secrètement malsain. Alors, est-il hypocrite de manipuler la forme au service du purisme du fond ? Pas chez lui.
Un film audacieux et sublimement mis en image qui interroge et dérange. Haneke est un cinéaste fascinant qui délivre encore ici un film d'apparence rigoureuse mais qui a une portée philosophique et psychologique très intéressante. La photo est superbe et la mise en scène d'une grande intelligence. La caméra est fixe, les plans sont calculés, rien n'est là par hasard, on est là dans un véritable travail d'orfèvre. Le parti pris du noir et blanc permet également un jeu sur les lumières totalement époustouflant. Le ruban blanc est également un brulot terrifiant sur la nature foncièrement mauvaise de l'humain, radical et d'une actualité surprenante, même si le film se déroule à la vielle de 1914. Les acteurs sont tous sublimes, ce qui indique, au-delà du talent de ceux-ci, une direction d'acteur parfaitement réussie. On pourra reprocher un rythme particulier ou une certaine prétention, mais tout cela est oublié au vue du bijou qu'est ce film.
Voilà une palme d'or méritée. C'est rare... On est véritablement cloué par l'ambiance lourde et moite qui se dégage de ce film. L'image est absolument magnifique, avec quelques plans qui ressemblent à des tableaux de Renoir ou de Vermeer. Le rythme est lent, et la caméra sait se faire immobile. Les enfants sont d'une justesse de ton incroyable. Et une violence dure, sèche, crue semble ronronner et attendre son heure dans chaque scène... Bref, c'est du grand cinéma ! Pourtant, la fin un peu bâclée laisse le spectateur interdit, et insatisfait. Le film passe donc à côté du 5 étoiles... Faut-il voir dans ce film une genèse du nazisme ? Peut-être, mais ce n'est pas aussi important que les journalistes ont voulu le croire. Je crois plus prosaïquement qu'une société sans amour se condamne à tous les excès. Et cela est vrai en Allemagne comme ailleurs...
Ce qui ressort de ce film, c'est d'abord l'immense talent de formaliste de Michael Haneke. Son travail sur l'image, sur le noir et blanc, sur le cadrage ressemble presque plus à un travail de photographe que de cinéaste. Tous les plans sont étudiés, sublimes. La caméra d'Haneke métaphorise son propos. Il alterne des plans en extérieur très surexposés, d'une clarté aveuglante, et des plans en intérieur un peu sous-exposés, en clair obscur avec des noirs très intenses. La symbolique est assez simple à décrypter : les apparences puritaines de la sphère publique de ce petit village aveuglent les atrocités qui sont commises dans l'obscurité de la sphère privée. C'est une très belle idée de mise en scène. Ensuite, il y a le sens de ce film, le propos d'Haneke. Au premier abord, on semble n’y voir qu’une simple chronique de village et une réflexion un peu simpliste sur l’origine du mal (perversité ou ennui ?). C’est le vrai problème du film. L’œil trop froid du cinéaste tient le spectateur à distance, l’intéresse sans l’impliquer et donne donc une coloration trop anecdotique à ce qui se passe à l’écran. On réfléchit cependant longtemps après l’avoir vu et “Le Ruban Blanc“ semble finalement plutôt une réflexion l’hypocrisie d’une éducation trop rigoureuse et puritaine. C’est le décalage entre les préceptes d’éducation et le comportement immoral, voire déviant, des adultes (l’exemple) dans un lieu confiné où rien n’est secret qui aboutit à la création des monstres.
Je ne comprendrais jamais que l'on puisse donner des palmes d'or à ce genre de film. Pas que ce soit mauvais, non, le thème est bien trouver, et l'histoire assez intéressante, mais que ce film est truffés de longueur et de non-dits, et comme d'habitude avec Haneke, faut tout deviner. C'est bien de ne pas tout mâcher, mais quelques explications supplémentaires n'auraient pas été superflues. En tous cas, déçu.
Un film intéressant sur une époque révolue et oubliée et pourtant révélatrice d'un mode de pensée ayant engendré une des pires tragédies de l'histoire. Les événements prenants placent dans ce petit village rural du début du 20ème siècle sont prenant et réaliste, avec une pléiade de protagonistes aux personnalités intéressantes. Le casting est parfait, la réalisation somptueuse malgré quelques plans un peu trop longs et rébarbatifs. Dommage que tous les tenants et aboutissant ne soient pas intégralement dévoilés au final, laissant le spectateur dans l'ignorance. Une critique de la religion exercée de manière trop restrictive, et du puritanisme en général, qui mérite le détour.
Faire une image en noir et blanc avec une lumière bien travaillée peut hypnotiser le jury du festival de Cannes mais cela ne suffit pas pour faire un bon film. Car il ne se passe pas grand chose dans cette chronique d'un village allemand (mais qui aurait pu être n'importe quel village de cette époque) à part quelques incidents, parfois sordides mais pas de quoi se mettre à crier au génie. Des choux piétinés, un enfant battu, un autre jeté à l'eau, un oiseau trucidé, un sifflet volé, bref pas de quoi vous empêcher de vous assoupir, surtout que votre voisin de rangée a déjà sombré dans le sommeil. Et lorsqu'enfin, à quelques minutes de la fin, Haneke nous laisse entrevoir qu'un drame, un vrai, s'est peut-être passé, il abaisse le rideau avec une voix off qui nous relate les dernières rumeurs. Je mets une étoile pour la qualité de la reconstitution du monde campagnard du début du XXème siècle. C'est tout.
en france comme en allemagne avant la 1ere guerre la referance a reich ou freud quand on sangle l'adolescent pour l'empecher de se masturber , celle aussi a "jeux interdits". on pourrait le voir comme un film denoncant le judeochristianisme. excuses car ignorants?
Porté aux nues par la critique professionnelle et amateur, Palme d’Or au Festival de Cannes 2009, Le Ruban Blanc est souvent considéré comme le film le plus accessible de son auteur, Michael Haneke.
Pourtant pétri de bonnes intentions, doté d’un sujet très intéressant, écrit par un Michael Haneke assisté de Jean-Claude Carrère, Le Ruban Blanc ne m’a pas du tout enthousiasmé. En effet, malgré quelques acteurs qui sortent du lot, comme Christian Friedel (un peu trop innocent à mon avis), Burghart Klaussner ou encore Ulrich Tukur (comme d’habitude), ce film à la réalisation qui alterne entre l’erratique et le beaucoup trop démonstratif est beaucoup trop ennuyeux et embrumé pour intéresser un spectateur moyen, sans le perdre en route. C’est très dommage car l’idée du film est vraiment fantastique. Le noir et blanc n’a aucune autre utilité que de montrer une époque.
C’est vraiment dommage que le film ne soit pas vraiment passionnant, parce qu’on sent un fond vraiment talentueux.
Dans sa filmographie qui s'intéresse au Mal sous toutes ses formes, il était logique que Michael Haneke s'intéresse à l'éclosion du nazisme en Allemagne même si le sujet est abordé ici de façon très détournée, sous-entendue, presque subliminale. Une vaste peinture complexe du communautarisme et du poids d'une autorité autant religieuse que pédagogique ou encore sociétale. Un long-métrage à la mise en scène grandiose entre ce noir et blanc si riche, cette absence quasi totale de musique pour accentuer davantage cette tenace impression de malaise causé par sa dérangeante violence tant physique que psychologique et une atmosphère lourde et pesante qui rappelle énormément "Le village des damnés" avec en toile de fond plusieurs événements mystérieux. Un jeu d'acteurs vraiment excellent notamment concernant les enfants. Incontestablement l'oeuvre du réalisateur autrichien qui m'a le plus marqué à ce jour, un récit puissant et dur, une grosse claque.
Palme d’or au Festival de Cannes, cette œuvre austère et superbement photographiée bénéficie d’un scénario intelligent mais pourra paraître un brin sage et académique eu égard aux récits antérieurs de Haneke.
Bien sûr, on peut trouver "le Ruban Blanc" lugubre, déprimant, sombre... comme je l'ai entendu au sortir de la salle où le film était projeté en avant-première. Au delà de l'indiscutable noirceur du propos de Haneke - on dira, en première analyse : "comment les sociétés humaines génèrent le Mal en leur sein" -, on peut néanmoins aussi trouver "le Ruban Blanc" excitant, stimulant, magnifique, de par la manière dont Haneke fait un cinéma classique, parfaitement juste, sans jamais sombrer dans la démonstration théorique (oui, le film sait être lumineux et émouvant... lorsque nécessaire) ni dans le spectaculaire comme le sujet, fort, l'appelait certainement. Il est facile d'être frustré par cette intransigeance intellectuelle de Haneke - la fin, logique mais inexpliquée (inexplicable ?) désarçonne indubitablement, mais prenons plutôt "le Ruban Blanc" pour ce qu'il est, un film quasiment parfait, planant bien au dessus de la "production commune", tous genres et toutes nationalités confondues.
Primé à Cannes le dernier film de Michael Hanneke drainé derrière lui une kyrielle de bonnes critiques, mais comme tous les primés du festival le plus célèbre du monde il suscitait aussi la méfiance du public tellement la filmographie atypique du réalisateur autrichien est exigeante . C’est donc avec une certaine méfiance que je me suis mis devant mon écran pour visionner cette œuvre. Je suis obligé d’avouer que j’ai passé un agréable moment devant une œuvre bien moins désarçonnante qu’annoncée ou les seuls partis pris un peu inhabituels, et encore pour les cinéphiles débutants, sont le noir et blanc et l’absence de musique de fond qui surcharge les scènes d’émotion dans la plus parts des films américains. Reste une histoire très fouillée tout en non dit qui occupe plus de deux heures de films et qui conte l’histoire d’une communauté de l’Allemagne profonde à la veille de la première guerre mondiale où des évènements (accident du docteur, agression de deux enfants) vont amener les habitants dans une suspicion générale où les familles vont se déchirer. La malveillance et l’agressivité sont suggérées par une ambiance épurée où peu de moments montrent une violence frontale préférant la distiller pour créer une ambiance plus lourde. On subodore très vite que les enfants sont pour quelque chose dans ces évènements sans que jamais ils ne soient clairement désignés et leurs airs innocents et tranquille d’enfants obéissants crée un malaise dont on ne se départie pas en les voyants, surtout quand ils sont en groupe. Michael Hanneke dénonce subtilement dans ce film la prégnance, dans cette Allemagne du début du XXème siècle, de l’autorité patriarcale toute puissante au sein de la famille, d’un système quasi féodal dans la communauté et d’une emprise de la religion, tout trois encourageant comme le dit la baronne « l’envie, la stupidité et la brutalité ». Il dresse un portrait de l’Allemagne où l’autoritarisme impérial est infiltré dans toute la société et qui ressemble peu alors à une société démocratique telle qu’on la trouvait en Angleterre ou en France. Une vision qui fait plutôt froid dans le dos pour un film dense. Un film à voir ne serait-ce que pour se rappeler ce qu’est un vrai scénario. Une palme absolument pas imméritée.
Voila une ouvre dont seul Michael Haneke a le secret. Deux heures et quart en noir et blanc, superbement filmé, avec un (voire des) mystère(s) qui nous mettent en haleine des le début. Un scénario assez poussé et bien ficelé avec des acteurs vraiment à la hauteur, qu'ils soient jeunes ou plus âgés. S'ajoute à cela, une narration d'un des personnages, une fois vieilli et une époque très bien recrée. Un titre qui symbolise un geste symbolique justement de l'époque dans une famille en particulier pour cette histoire. Même s'il n'y a pas de bande originale, cela ne dérange pas puisqu'il n'y en a tout simplement pas besoin. Je comprends que ce film ai raflé quelques prix dont l'un des plus présitigieux, la Palme d'Or. Cependant, parfois le temps est long, mais rien de bien grave, car c'est vraiment un joli long métrage hors du commun. Je pense qu'il satifsaira tous les cinéphiles, alors bon film à toutes et à tous !