Je suis partagé. J'aime l'aspect documentaire (archives etc.) : c'est intéressant et instructif. Et très touchant (comment ne pas être touché devant les images du passé, de l'enfance, du temps qui fuit, des disparus). Mais je trouve très limite cet exercice d'auto-encensement, d'auto-admiration, d'auto-satisfaction, bref, de narcissisme outrancier (regardez les belles choses que j'ai faites, regardez les gens intelligents, fins, drôles que j'ai rencontrés et qui sont devenus mes amis, regardez le flair que j'ai eu en dénichant des acteurs inconnus qui sont devenus degrandes stars, bref regardez comme je suis une grande artiste, mais regardez aussi comme, au fond, je suis modeste). Franchement, ça m'a mis très mal à l'aise et m'a tout gâché. Cette mise en scène, cette valorisation, cet émerveillement de soi-même, cette insupportable auto-bienveillance, cet empressement à se montrer à tous sous un jour si favorable (et si soigneusement fabriqué) est vraiment déplaisant. C'est du culte de la personnalité comme on n'en voit plus, (sauf chez les rappeurs) , et que seuls les artistes peuvent se permettre. Une autre profession oserait ce genre d'exercice, on hausserait les épaules devant une telle puérilité, mais là, non. Quand, en plus, il s'agit un film sur soi-même, à la gloire de soi-même, et qu'on a réalisé soi-même (tant qu'à faire), c'est vraiment merveilleux : on applaudit des deux mains devant tant d'audace ! Et quand, en plus, les médias en rajoutent une couche super-laudative, on se tait car il n'y a vraiment plus rien à dire. Il n'y a décidément rien de plus ennuyeux qu'une icône. Toute cette énergie à se contempler dans un miroir ! Sidérant.