Agnès Varda, c'est "Sans toit ni loi", "Les glaneurs et la glaneuse", "Cléo de 5 à 7". C'est l'autre partie de Jacques Demy, c'est la petite vieille pétillante et imaginative qui a peur de la mort, c'est la petite fille belge, un peu rondouillarde, qui retourne en arrière, et raconte << à reculons >> . C'est un peu Gérard Philippe, un peu Mathieu Demy, son fils, un peu les autres, un peu des plages et l'artisane de la parole des morts. "Les plages d'Agnès", et même s'il est très (trop?) personnel, ne parle pas tout à fait d'elle, du moins pas plus d'elle que des autres, ceux qui l'ont entourée, ceux qui n'ont pas la parole, les petites gens sans importance, le reste d'une équipe technique que l'on ignore, sa famille. C'est un documentaire merveilleusement inventif, artisanal, utilisant mille procédés cinématographiques comme autant de paroles données à qui veut la prendre. Son film est nostalgique, forcément, mais il est aussi penseur, précepteur sans doute d'un futur fonctionnement du cinéma, celui qui raconte la vie de quelqu'un pour finir sur celle de tous les autres. Entre fiction et documentaire, fantasme des 80 ans et reconstitution, reportage au hasard et jeux de pistes, mémoire personnelle et invitation à mieux découvrir ceux dont on va jusqu'à ignorer l'existence, "Les plages d'Agnès" se déguste au final comme un autoportrait fantaisiste et intemporel, dicté par une irrésistible envie de vivre, de survivre, de faire du cinéma, de faire ce que l'on aime, ce qu' 'elle' aime. Peut-être insiste-t-elle trop sur ce qui a fait sa vie pour que l'on puisse entièrement rentrer dans cette mise en large loufoque du cinéma et d'Agnès Varda elle-même, cependant il y a une poésie qui se dégage de là, non sans humour, pleine d'une force universelle et solidement ancrée dans le passé que l'on veut parfois voir ressurgir. "Les plages d'Agnès" pose des questions, parfois sans réponses. Elle tente de capter au mieux qu'elle peut, et à l'infime échelle d'une bobine d'1h50, ce q