Missionary Man est un Lundgren mineur, et sans grand intérêt.
D’abord il souffre d’une interprétation très moyenne. Deux acteurs surnagent : Dolph Lundgren d’abord, qui s’avère correct dans son rôle de justicier solitaire. Il joue avec conviction, et même si encore une fois son jeu d’acteur n’est pas franchement mit à contribution, il impose une présence assez charismatique. La seconde est Chelsea Ricketts, qui, dans son premier rôle, s’impose elle aussi sans difficulté. Son personnage est secondaire, et pourtant lors de ses quelques apparitions elle transmet vraiment quelque chose, offrant une prestation nettement plus fine que la moyenne dans ce Missionary Man. Pour le reste en revanche, et surtout du coté des méchants, des acteurs anonymes au jeu fort moyen interprètent des personnages archi-rebattus.
Le scénario est d’une banalité confondante. Un justicier, une ville, une bande de pourris, des motards bien méchants, et voilà le cocktail d’un genre filmique à part entière. Je crois qu’il n’y a pas un acteur d’action qui ne se soit pas essayé à ce genre là. Bon, ici c’est mené assez mollement, sans aucune infraction aux règles habituelles, et le manque de surprise est tel que c’est au bout du compte plutôt ennuyeux. Un bon point au niveau de la violence impitoyable qui nous évite quelques poncifs désastreux, mais enfin, c’est fort peu.
Visuellement on sent que Lundgren a voulu faire quelque chose d’un peu plus classieux que la moyenne, mais c’est raté. Sa mise en scène est fort plate. Il reste sur des sentiers là encore bien damés, et sa caméra est trop raide, notamment lors des combats au corps à corps. C’est regrettable. La photographie se veut esthétique et élégante, mais elle est juste complètement brulée par la lumière artificiellement retravaillée. Les couleurs se noient dans une pseudo-sépia bien laide, et les contrastes sont tellement accentués que le film alterne entre grandes plages noires et passages complètement rognés par une luminosité excessive. Quant aux décors, ils sont corrects mais n’ont rien de spécial par rapport à ce que l’on peut avoir l’habitude de voir dans ce genre de métrage. Les scènes d’action sont pour le reste faiblardes, avec quelques combats à mains nues mous et peu spectaculaires. Les fusillades ne cassent pas non plus trois pattes à un canard, et le seul bon point de ce coté c’est la violence relativement explicite et réaliste, qui singularise un peu le métrage sur un créneau blindé par les séries B tout publics. Enfin la musique, bien que discrète, renforce l’ambiance mélancolique et atemporelle du métrage, ce qui est un bon point.
Au bout du compte ce Missionary Man m’a fait penser à une sorte de Dust Devil du pauvre coté atmosphère. Le travail esthétique est raté, malgré une bonne volonté évidente, et celui-ci est malheureusement au service d’une histoire sans aucun intérêt, portée par des acteurs pas suffisamment talentueux pour faire vraiment oublier les limites de l’ensemble. Une des réalisations les plus faibles de Lundgren avec Icarus.