Le film est adapté de la pièce éponyme (1927) du Britannique Somerset MAUGHAM (1874-1965), tirée elle-même de sa propre nouvelle (1924), parmi 124 écrites. Malgré cela, il s’agit d’un film dynamique grâce au recours au plan séquence (notamment de son ouverture), à la profondeur de champ et à sa lumière expressionniste due à Tony GAUDIO (1883-1951) (qui a obtenu, en 1937, l’Oscar de la meilleure photographie pour « Anthony adverse » (1936) de Mervin Le Roy). L’histoire, simple, se déroule dans l’ile de Sumatra, dans les Indes Néerlandaises, dans une plantation d’hévéas, où la femme du directeur, Leslie Crosbie (Bette Davis, 32 ans, excellente dans un rôle à multiples facettes) tire à plusieurs reprises sur un homme, Geoffrey Hammond, justifiant la légitime défense. Emprisonnée, son acquittement est probable mais risque d’être compromis par l’existence d’une lettre qu’elle a écrite à Hammond… A partir d’une banale histoire d’adultère, le film vaut par son ambiance tragique, essentiellement nocturne, sans quasiment pas d’extérieurs et rehaussée par la superbe photographie en noir et blanc de Tony Gaudio (57 ans), sous l’influence du cinéma expressionniste (cf. raies de lumière à travers des persiennes, mouvements des nuages dans le ciel cachant la lune).